Ce soir, l’Olympia affiche complet. Sur le trottoir du Boulevard des Capucines, quelques fans sont à l’affût. Ils vous abordent, vous demandent si, par hasard, vous n’auriez pas un billet en trop… Vous leur répondez que vous êtes désolé, ils sourient mollement, ils lèvent la tête et leur regard vient buter sur la façade mythique et ses indémodables grandes lettres rouges : Ringo Starr !
Ringo Starr et l’Olympia, c’est une vieille histoire. Plus que centenaire. Elle a commencé en 1964. À l’époque, George, Paul et John l’entouraient. Aujourd’hui, il joue avec, le « All Starr Band », sa troupe, composée de Steve Lukather, Gregg Rolie, Colin Hay, Warren Ham, Gregg Bissonnett et Graham Gouldman.
20h45, après une première partie assurée par Gaëlle Buswell suivie d’un court entracte, la salle s’assombrit… Le public trépigne. Des silhouettes se dessinent. Ils sont là. Tous. Tous, sauf Ringo. Ses fans le réclament. C’est le jeu. Le voilà qui apparaît. T-shirt peace and love sur les épaules et lunettes de soleil noires sur le nez. Du classique pour le rocker.
Une chanson. Puis une autre. Et il tend le micro de leader à Graham Gouldman avant de s’installer derrière son instrument de prédilection : la batterie. La sienne trône au centre de la scène. En contrebas à droite, il y en a une seconde, qu’occupe Gregg Bissonnett.
Ringo Starr, promène son regard sur la salle. Il y a autant de malice que de joie dans sa manière d’être sur scène. On l’espère généreux, il l’est, multipliant les interactions avec la salle. Chacun a une bonne raison de l’interpeler. Il répond toujours, d’un geste, d’un hochement ou d’un sourire…
La vedette, c’est lui. Mais ce n’est pas le concert de Ringo. Sur scène, chacun a droit à SON moment. Le public bascule grâce à une setlist alimentée par des titres de Santana, Toto, Carl Perkins et quelques autres totems de la musique. Mais en réalité, beaucoup n’attendent qu’une chose : le répertoire des Beatles. Ringo Starr s’en doute et ne manque pas d’euphoriser le public avec cinq titres nés du quatuor : Don’t Pass Me By, Act Naturally, I Wanna Be Your Man et Yellow Submarine que sacre l’applaudimètre. Chacun en reprend le refrain. Petit moment d’ivresse, à coeur ouvert…
Je ferme les yeux. Les Beatles se sont séparés des décennies avant que je naisse, mais j’ai l’impression qu’ils sont là. Quel cadeau ! Et quel bonus ! Alors que Ringo s’apprête à entonner le refrain de With A Little Help From My Friend, une silhouette s’approche de lui : Joan Baez herself ! La chanteuse folk américaine est à Paris pour une série de dix concerts à l’Olympia. Ce soir, elle s’offre et nous offre un extra. Conséquence : 2000 personnes immergées dans une bulle rock’n’rollesque où la nostalgie le dispute à l’émotion…
Dernier acte. Joan et Ringo se sont éclipsés. Ne reste que le All Starr Band pour un ultime hommage à une icône, un ami : Give Peace A Chance. On aimerait que l’improbable se produise, que John Lennon apparaisse. On peut rêver, non ?