Leïla Marwa Adjan, ou Leïla AD naît en Belgique en janvier 1996. Elle est aujourd’hui chanteuse est sort bientôt son premier EP. Mais que s’est-il passé entre temps ?
Leïla a toujours été entourée. De ses sœurs, de ses parents, de ses amis. Petite, elle est curieuse, et s’intéresse de tout. Son parcours est à l’image de sa personnalité. Fort, ouvert, mais aussi sinueux et chargé. Adolescente, après avoir obtenu son premier diplôme en Belgique, elle choisit de suivre une formation et d’exercer le métier d’éducatrice pour enfants, ce qui au final ne lui conviendra pas. Elle a alors 19 ans. Finalement, sa curiosité est piquée par les tutoriels de maquillage et de beauté qu’elle regarde assidument sur Youtube, ce qui lui permet de se maquiller elle-même et d’y prendre goût. La soif d’apprendre lui vient et elle se découvre un talent, une passion nouvelle. C’est ainsi qu’elle travaille d’arrache-pied pour se faire un nom et une réputation dans le milieu, en Belgique. Sans compter qu’elle se remet d’une rupture et qui plus est d’une relation toxique, dans laquelle son ex lui interdisait toute vie sociale. Avec le célibat, son côté avenant et sociable reprend le dessus et elle recouvre ce dont elle avait été privée depuis plusieurs mois : les gens, le contact, l’échange. C’est également à ce moment là, en janvier 2017 que Leila lance sa chaine Youtube qui atteint les 100 000 abonnés en 5 mois, ce que peu accomplissent.
C’est trois ans plus tard environ qu’arrive la musique. Elle a toujours été présente dans sa vie, dans son quotidien, dans sa tête, mais jamais professionnellement. Alrima, rappeur et ami de la jeune fille, mari d’une de ses amies, lui proposera pendant un de ses propres lives, de chanter pour la première fois publiquement, virtuellement. Les sessions de chant sous la douche ou dans la chambre c’est bien beau, semble lui dire la vie, mais faire profiter les autres de ton talent c’est mieux. Elle interprète alors un morceau de la chanteuse Indila. L’effet est immédiat et indéniable, puisque dans les heures qui suivent, plusieurs artistes et managers présents sur le live se la disputent.
Peu de temps après, elle accepte de passer à la vitesse supérieure et entame des sessions studios d’où sort son tout premier single : Bombe. Dansant, entrainant, au rythme et à la bonne humeur contagieux, le public et sa communauté adhèrent, au point que le clip qui accompagne le morceau a dépassé les deux millions de vues. Suivent les singles Petit Menteur, A qui la faute, et plus récemment Ca Va Aller, tout comme quelques featurings. Continuant sur sa lancée et gagnant en confiance en son nouveau statut de chanteuse, auquel elle a d’abord eu du mal à croire, Leila nous dévoile la sortie d’un EP le 19 novembre 2021. Lucide et sage, la jeune femme trouve qu’il serait encore trop tôt, peu stratégique et illogique, de sortir un album maintenant. Pourtant elle a au delà du nombre de titres suffisants, mais elle dit clairement dans un excellent épisode du podcast Just in Tuned, qu’elle se cherche toujours artistiquement. Sa voix est prête, sa route est tracée, le voyage peut commencer, mais ce n’est pas pour autant qu’elle grillera les étapes. Leila est une femme pleine de qualités, d’intelligence et d’adresse, loin d’être naïve et a parfaitement conscience de ce dans quoi elle s’embarque et s’entoure en conséquence, sans jamais oublier qu’elle est sa meilleure alliée. Elle fait confiance, mais pas à outrance et est assez mature pour ne pas se faire embobiner, pour mener à bien sa carrière.
Il est évident qu’elle aime ce qu’elle fait et qu’elle le fait bien. Il peut sembler difficile de juger son talent et sa valeur musicale tout de suite au vu du nombre réduit de titres qu’elle a sorti, raison de plus d’écouter son EP, qui j’en suis sûre, dévoilera d’autres styles musicaux qu’elle réussit à apprivoiser et à faire sonner à sa façon. Pour l’instant, on pourrait penser de sa musique qu’elle est plus légère que sa personnalité, mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Audacieuse, je suis sure que son niveau va évoluer, qu’elle va explorer ses capacités et nous proposer des projets plus aboutis les uns que les autres. Bombe et Petit menteur sont pour l’instant mes préférées car ce sont des titres simples, que l’on pourrait qualifier de mainstream, mais dont on ne peut nier la qualité. Et s’il n’y avait pas de musique mainstream, aussi péjoratif que cette qualification puisse paraître, il n’y aurait pas de musique tout court, car rien pour servir de base, de fondation, et surtout, surtout ! Pour s’amuser sans se prendre la tête, se laisser aller à l’écoute et profiter d’un moment qui nourrit notre bonne humeur.
Confrontée au deuil à un jeune âge, suite à la mort de son père, ayant du faire face à la violence d’un conjoint lors d’une de ses relations de couple, la chanteuse à vécu des moments brutaux et difficiles, qui la poussent probablement à apprécier la vie davantage et aussi, de surpasser ces expériences douloureuses, dont elle semble avoir pu s’affranchir, via la musique, notamment.
Je trouve qu’elle fait partie d’une nouvelle vague de chanteuse en France, que l’on pourrait qualifier de vague hip hop, ou r’n’b ou pop ou urbaine, ou de variété française, ou même à tendance maghrébine ou orientale dans les sonorités musicales ou tout ça à la fois, dépendant des morceaux, de la période et de l’artiste. Je pense à Leila mais aussi à Imen ES, Eva, Lynda, Lyna Mahyem, Ronisia, Miya, Nej‘, et probablement d’autres qui me sont passé sous le nez ! Quoiqu’il en soit c’est à mon avis un renouvellement dont on a besoin qui ne peut qu’enrichir la scène musicale. Vague ou pas, ces jeunes femmes sont les têtes d’une nouveauté qu’on accueille volontiers, où les femmes s’entraident, se soutiennent dans l’industrie qui peut réserver des surprises à de jeunes chanteuses féminines, surprises parfois bien mauvaises. Cela ne veut pas dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et que chaque femme est amie avec une autre, mais il y a plus de place, de possibilités pour les nouvelles venues, et ça fait du bien, sans que ce soit pour autant facile.
Dans un registre plus urbain (ce mot est vraiment à prendre avec des pincettes) on peut noter Amel Bent, Zaho, Kayna Samet, Wallen, Kenza Farah, ou même Zazie, par exemple, qui appartenaient à un style plus défini mais qui ont tout autant contribuer à faire évoluer la musique et son monde, en France. Cependant, l’époque était différente (ne vous méprenez pas, elles sont presque toutes actives encore aujourd’hui) et le contexte aussi. C’est une nouvelle période pour toutes les chanteuses françaises quelques soient leur âge, leur style, leur apparence ou le niveau qu’on leur accorde. Les temps changent mais les opportunités se développent et Leila AD en est une des preuves, passant d’un domaine à un autre et réussissant à y remplir ses objectifs et ceux qui lui sont donnés.