Live Report : Roger Waters à Nanterre

Les 8 et 9 Juin derniers, Roger Waters s’est produit à l’Arena de Paris La Défense. The Dark Side of the Moon, Animals, The Wall… Les titres les plus fameux de ces albums-concepts ont transporté les 40 000 personnes de la salle sur la planète Floyd aux relents anti-Trump et en partie revisitée avec, à la guitare et parfois au chant, Jonathan Wilson dans le rôle de David Gilmour.

Roger Waters

Plaisir sonore et visuel

Aller à un concert de Roger Waters, c’est risquer de ne pas le voir. Immanquablement, le regard est aimanté par l’écran géant de 50 mètres de large qui surplombe la scène. C’est le pilier du spectacle. L’introduction, c’est lui. L’entracte, c’est toujours lui. La fin, c’est encore lui.

Des horloges, une galaxie, des mains tendues et des dessins animés au design 100% Floydien y défilent, hypnotisant les spectateurs. Le visuel envoûtant se marie à des sirènes, au boucan des hélices d’un hélicoptère, aux remontrances sévères d’un instituteur… Nous sommes partis pour 2h dans l’univers complexe de Gilmour, Waters, Wright, Mason et Barett.

Peu de paroles, mais des parties instrumentales à n’en plus finir. C’est la recette secrète du groupe britannique pour capter un public qu’emporte le moindre riff… En live ou en studio, pas de doute, ça fonctionne. Chacun des détails qui tissent le spectacle attire notre attention, mobilise notre concentration.

Quand Waters envoie Welcome to the Machine, la foule, excitée, accompagne la gestuelle du bassiste qui invite à faire le plus de bruit possible. Et quand l’écran affiche le très attendu mur aux briques blanches, les poings levés façon Rock’n’roll se lèvent.

On pense avoir vu l’essentiel du concert ? Erreur ! Le panneau a d’autres trésors à offrir… Le voile se lève et laisse apparaître les tours d’une usine : nous sommes en 1977, à Battersea Power Station (pochette de l’album-concept Animals). Trump-la-pute, Trum-le-porc, Trump-le-gosse infernal en couches-culottes : Pigs, clin d’oeil à la Ferme des Animaux d’Orwell, tourne à la satire du Président américain. Et quand un cochon gonflable démesuré se balade en apesanteur dans la salle, l’immersion est totale. Mais les règlements de compte de Waters ne sont pas terminés… Money est pertinemment illustré par un défilé politique : Merkel, Macron, May, les Le Pen, Wilders, Erdogan, Berlusconi… Bienvenue au coeur des sommets internationaux où règne la soif du fric roi.

Et The Dark Side of the Moon dans tout ça ? C’est quand même le troisième album le plus vendu de tous les temps ! Waters ne fait pas de concession. Bien que le décor ait déjà conquis le public, ce n’est pas fini… 8 lasers traversent la fosse et un prisme prend forme. Le célèbre spectre de la lumière blanche nous envoûte, c’est le clou du spectacle.

Us+Them est sans conteste l’un des plus beaux spectacles musicaux mis sur pied. On ne sait pas où l’on est, ni à quelle époque. En 1978, en pleine Guerre Froide dominée par un mur ? Ou en 2018, à l’ère du numérique roi dénoncé par Waters ? Peu importe : on profite, on s’enivre. Et on cherche déjà une place pour le lendemain…

Roger Waters