Leonis. Rappeur originaire du 77, il ne cesse d’évoluer. “Voler aux riches pour donner aux pauvres”. Sa phrase fétiche. Prendre pour rendre. Un désir de justice, pas de justicier. On est loin du Robin des Bois classique. Ici c’est Sherhood, un autre genre de forêt. De celles dans lesquelles tu te perds si tu n’en connais pas les codes et les habitants. Sauras-tu t’accrocher ?
Tu ne peux pas pleinement apprécier sa musique si tu n’as pas assisté à un de ses concerts. Précision primordiale : ce vendredi 4 mars à la Boule noire à Paris était son premier show solo. Et quel show ! Pas besoin de remplir un zénith ou un stade pour vivre une expérience. La salle n’était pas pleine, alors que le concert affichait complet. Bizarre. Ils étaient peu mais ils étaient là. Les deux, trois premiers rangs en partant de la scène étaient déchaînés. En les voyant on comprend tout de suite ce qu’est Sherhood. Ce qu’est Leonis et ce que ça représente. Une force. Une communauté, bien loin de celle des influenceurs. Ici on ne parle pas de placement de produit ou de vacances à Dubaï. On a les pieds sur Terre, la tête sur les épaules, qu’on laisse parfois s’égarer dans les étoiles histoire de rêver et de hisser cette aventure, cette ascension, plus haut, plus vite.
C’est d’ailleurs fulgurant. Leonis est dans la musique depuis longtemps, mais tout s’est joué en plus ou moins trois ans. Depuis 2019, on ne l’arrête plus. Sa mixtape “Sherhood part. 2” est sortie le jour du concert. Une célébration supplémentaire.
Ce soir-là, j’avais beau ne pas être sur la même planète que le public, je me retrouvais quand même dans leur galaxie. Celle de Leonis et de ceux qui se fondent dans son univers. En visite dans un espace pour l’expression et la célébration. Parce que même si ça parait moins subtil que ça, ça fait partie du rap. Je connais mal le rap de Leonis. Mais je suis curieuse. Il y a une chose que ce concert m’aura apporté, une autre chose encore que j’aurai reconnu : un être en plein dans son élément. Une prestance, une aura, un je ne sais quoi qui se dégage de quelqu’un qui se donne entièrement à ce qu’il fait. Le rap, ce qu’il a choisi en opposition à la rue que la vie lui a imposé. Elle l’a mis dedans avant même qu’il puisse en avoir conscience. C’est aussi ce qui nourrit ses textes. Ses textes. Je devais avoir trois refrains en tête, maximum, et j’ai compris chaque mot qui sortait de sa bouche. En partant à la chasse sur Youtube, j’ai retrouvé une bonne partie des morceaux qu’il a interprétés, facilement. Habituellement, même dans les petites salles, le son, la musique, les mots se noient dans les flots du live. Pas cette fois. C’est pour dire combien il est bon sur scène, sans avoir à le calculer. C’est naturel, tout comme l’est le monde imaginaire qu’il s’est construit.
Quelques uns des morceaux joués : “Dans le bâtiment (Sherhood #3)”, “Au fond du Tiekson”, “Comme s’il pleuvait” avec Hatik, “Netflix”, “Charbonner”, “Allo”, “Obrigado”, “Element” avec Take a Mic. Sanchez 18 assurait la première partie et Poison était un des rappeurs invités sur scène.