Samedi 16 septembre 2023, Elliott Murphy célébrait ses 50 ans de carrière. Tout comme les fameux « birthday shows » qu’il organise chaque année en mars pour son propre anniversaire, la fête avait lieu au New Morning.
Il y a 34 ans, l’icône folk américaine Elliott Murphy emménageait à Paris. Ce soir, sur la scène du New Morning, il nous révèle que c’est la seconde meilleure décision de sa vie. La première ? Celle d’avoir appris la guitare à 12 ans. À 24 ans il sortait son premier album, Aquashow qui lui valut l’étiquette de « nouveau Dylan ». S’en suivirent une trentaine d’albums dont le dernier, Wonder, est sorti en 2022.
Paris, Xè arrondissement. Dans une rue étroite aux multiples restaurants éclairés un soir de fin d’été, derrière une grosse porte grise, se trouve le New Morning. Sur la scène nichée au fond de cette salle de 500 places dont les murs sont parés de rouge, Elliott Murphy entame un premier set de six chansons. Chapeau noir, harmonica autour du cou et guitare entre les mains, il est accompagné par son guitariste Olivier Durand, une violoniste et un batteur. Le quatuor donne un aperçu de ce que sera le reste de la soirée : une promenade à travers la discographie d’Elliott ponctuée de claques d’improvisations musicales.
Après Summertime, le dernier single sorti en juillet dernier, Elliott et ses musiciens se retirent le temps d’une pause. Quinze minutes plus tard, le groupe réapparaît ; il s’est multiplié ! À la formation initiale, s’ajoutent un pianiste, un bassiste et un troisième guitariste.
Il est vingt et une heures passées. Pendant 2h30, le groupe nous immerge dans Greenwich Village. Berceau de la contre-culture et de la musique folk, ce quartier de Manhattan a vu défiler quelques débutants : Bob Dylan, Bruce Springsteen ou encore le Velvet Underground. En outre, les auteurs de la Beat Génération (Allen Ginsberg,…) y récitaient des poèmes.
Quant à Elliott Murphy, il doit une partie de ses débuts à Lou Reed. Après son premier album, Lou l’avait recommandé au label RCA. Ce soir, au New Morning, le Parisien d’adoption lui rend hommage à travers la chanson Deco Dance auquel le piano donne une touche rockabilly.
Elliott Murphy capte son public du regard, le scrute, joue avec lui. Le voilà qui glisse une feuille de papier entre les mains d’un spectateur du premier rang : ce sont les paroles de Something Consquential (album Wonder) que l’autre lui tient pendant qu’il chante. Générosité, encore, lorsqu’il laisse une large place d’impro à son groupe : les solos sous applauses c’est pour eux ! Et dès que le rockeur souffle dans son harmonica pendant You Never Know What You’re In For, le public écoute religieusement.
Taquin, enfin, lors du rappel : Elliott fait mine d’hésiter à interpréter une chanson supplémentaire dès que la précédente se termine. Le bouquet final du concert, composé de cinq titres, fait exploser le public. Exaltation, dans la salle et sur scène où le groupe se donne comme jamais. 23h30, la foule signerait volontiers pour passer la nuit à écouter un rock dont l’âge d’or est révolu mais dont Elliott Murphy fait crépiter quelques-unes des dernières étincelles.