Rencontre avec MEDICIS

Crédit : Yohan Gérard

Ils aiment le rock, les intros planantes et les récits qui tiennent la route. Le quatuor MEDICIS dévoile Where We Dive, un album concept dense et organique, fruit de plusieurs années de travail. J’ai discuté influences, virages créatifs et sons qui claquent avec Julien et Thomas.

Vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Julien : On s’appelle MEDICIS et on est un groupe de rock. Je suis Julien, chanteur, bassiste et au clavier, et là je suis avec Thomas qui est à la batterie. Les deux autres lurons, c’est Nicolas (guitare et chant) et Victor (chant, clavier et guitare).

Pourquoi vous appelez-vous MEDICIS ?
Julien : Quand on a débuté le projet, on ne savait pas encore si on voulait chanter en français ou en anglais. Donc on s’est dit que choisir un nom qui fonctionnait dans les deux langues était une bonne idée. Et d’autre part, on aimait bien l’idée de se réapproprier un nom connu de l’histoire de France.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Julien : Ça a démarré en 2019 : cette année-là, j’ai créé le projet avec Victor. On se connaissait depuis des années parce qu’on a commencé la musique ensemble, puis la vie a fait qu’on s’est éloignés dans le cadre de nos études. Ensuite, il est reparti à Nantes et moi en Vendée, et c’est à ce moment qu’on a eu l’envie de faire un groupe ensemble. Du coup on a débuté un projet avec une chanteuse, Annie, puis on a recruté Thomas à la batterie. 

Avec Victor et Thomas, on s’est rendus compte assez vite qu’on était plutôt partants pour faire du rock, et Annie ne partageait pas cette envie. Lorsqu’on s’est retrouvés tous les quatre après le Covid, on a réalisé que cette formule ne nous convenait plus parce qu’Annie avait des envies plus pop que nous, donc on a décidé de poursuivre tous les trois ensemble.

Thomas : En avril 2021, on a recruté Nicolas, et c’est à partir de là que MEDICIS est né, dans sa formation actuelle. Je le connaissais depuis des années parce qu’on vient du même coin et on a commencé à faire de la musique au même moment, et je me suis rappelé de lui au moment où on cherchait un guitariste. Lors de l’audition ça a matché tout de suite, c’était une évidence !

Qu’est-ce qui vous a donné envie à chacun de vous mettre à la musique ?
Julien : J’ai toujours baigné dans ce milieu parce que mon père est guitariste et bassiste, et ma mère est chanteuse. Ils ne m’ont jamais poussé à m’y intéresser mais j’ai développé naturellement un attrait pour la musique. J’ai commencé la basse à environ huit ans.

Thomas : De mon côté j’ai débuté la batterie à cinq ans. Mes parents n’étaient pas musiciens mais mes cousins si. Ma cousine faisait de la batterie et je trouve cet instrument fascinant !

Lorsque le projet MEDICIS a vu le jour, est-ce que votre musique et la direction vers laquelle vous souhaitiez aller était une évidence dès le départ ?
Julien : On a beaucoup été influencés par Arctic Monkeys lorsqu’on a commencé à jouer ensemble, c’est la musique qu’on aspirait à faire à ce moment-là. On aime toujours beaucoup ce qu’ils font mais c’est moins une influence pour nous. 

Thomas : C’est vrai qu’Arctic Monkeys étaient une ligne directrice et une inspiration au moment où on a enregistré notre EP. Mais on s’est vite rendus compte qu’on ne voulait pas continuer dans cette lancée : on préparait un deuxième EP et on s’est dit qu’il ressemblait vachement au premier, que la vibe était identique, que ça sonnait encore très Arctic Monkeys… Et on ne voulait pas s’enfermer dans un genre.

On ne se sentait pas vraiment nous dans ce nouveau projet. Du coup, trois semaines avant d’aller en studio, on a décidé d’annuler. On est allés en résidence pour repartir de zéro, mettre en commun nos différentes influences et faire un son qui nous ressemble davantage. C’était l’occasion de faire tomber toutes nos barrières.

Quels sont les artistes qui vous inspirent le plus aujourd’hui ?
Thomas : Si nos débuts étaient très tournés vers Arctic Monkeys, à présent on est plutôt attirés par des artistes comme Royal Blood, Pink Floyd, The Psychotic Monks…

Julien : Mais en vrai c’est assez difficile de définir des influences très précises, parce qu’on récupère de manière inconsciente des éléments chez plein d’artistes différents. 

En termes de thématiques, d’où vient l’inspiration ?
Julien : Des expériences de vie au quotidien, des relations, des choses qui te font plaisir ou qui t’agacent… Pour moi, l’important est de retranscrire des moments de vie. Dans Where We Dive, on raconte l’histoire d’une œuvre d’art qui arrive dans un musée et qui prend vie. Chaque morceau raconte une phase de son existence. 

Par le biais de cette œuvre d’art, j’ai pu parler de choses que j’ai vécues à l’époque de l’enregistrement. J’étais en pleine séparation après onze ans de relation, et dans cette phase je suis passé par beaucoup d’émotions variées. C’était intéressant d’utiliser le masque de l’œuvre d’art pour parler de soi.

Et comment avez-vous eu l’idée du personnage de l’œuvre d’art comme fil rouge de l’album ?
Julien : C’est Victor qui a proposé ce projet. Il est très fan de cinéma et il a pensé que ce serait chouette d’imaginer un scénario de film et le soundtrack de ce récit. En gros, on a fait une BO de film sans film !

Une autre raison à ce projet est que Victor et moi aimons beaucoup le rock progressif, et l’album concept est un format très utilisé dans ce genre. 

On va parler un peu du premier extrait de l’album, Timecrash. Qu’est-ce que vous pouvez me dire de ce morceau ?
Julien : C’est le titre qui a démarré le projet, et c’est un peu pour ça que c’est le premier single du disque. Timecrash parle de la notion de créateur : à un moment donné, l’œuvre se pose la question de sa naissance, de son but, un peu comme on le fait en tant qu’humain.

Thomas : Instrumentalement, le morceau représente bien les différents aspects qu’on a voulu mettre dans cet album, que ce soit au niveau des instruments ou du son. Timecrash a une palette sonore assez complexe, notamment via l’alternance entre les moments calmes et les passages plus tendus, ou encore l’utilisation des claviers. 

Quel est votre titre préféré de l’album et pourquoi ?
Julien et Thomas, après une longue hésitation : Inner perception !

Julien : Ce titre représente aussi très bien MEDICIS parce qu’il y a toute une intro très longue et lancinante, des voix qui montent dans les aigus, puis la tension redescend avant d’exploser. C’est un morceau dans lequel il se passe plein de trucs, c’est un peu comme un voyage. Et c’est l’un des seuls morceaux qu’on a gardé de la période pré-MEDICIS : on a cette idée de chanson depuis 2022.

Thomas : J’aime énormément tous les morceaux de l’album, mais je choisis celui-ci parce que de mon point de vue il a eu un gros rôle à jouer dans tout le processus de Where We Dive, du début à la fin. Et pourtant, c’est un morceau que je n’aimais pas de base ! Mais les copains l’aimaient beaucoup et j’ai décidé de leur faire confiance, même si cette chanson ne me parlait pas au début. 

Un coup de cœur à me partager en ce moment ?
Julien : En ce moment j’écoute beaucoup St. Vincent et son album All Born Screaming qui est vraiment super. Mon morceau préféré s’appelle Hell Is Near. Sinon j’aime énormément le dernier projet de Spiritbox, et tout particulièrement le titre Soft Spine.

Thomas : Récemment j’ai découvert Terrenoir et j’ai été bluffé ! J’aime pas tout, mais Le fou dans la voiture m’a mis une grosse claque. Et j’ai entendu une reprise que Zaho de Sagazan a fait du titre Ah que la vie est belle i de Brigitte Fontaine, j’ai adoré. Pour finir il y a un groupe de copains nantais qui font du son très chouette, ils s’appellent Queen Willow et ils viennent de sortir un super album !

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