Une incarnation. Une silhouette fluette et pourtant tellement présente. Sexy, assumée, confiante, Alba Farelo Solé est une jeune femme des 90’s. Elle a grandit pendant les années 2000, qu’elle semble n’avoir jamais quitté.
Strass, gloss, chevelure platine, tons nudes et ongles interminables, Bad Gyal est la version moderne d’une barbie. Sobrement vêtue d’une mini-jupe et d’un crop-top, maquillage propre et chargé, Alba se déhanche en traitant les mots comme son éternel chewing-gum qu’elle mastique à toute heure. On ne sait pas si elle est grande ou longiligne. Ou les deux. Ni comment elle fait pour être tant sûre d’elle alors que la tendance quasi toxique est aux gros seins et aux fesses bombées. Allure de brindille ou de sablier elle s’en fiche, elle est là et elle prend toute la place qu’il lui faut, sans se poser de questions.
Elle s’empare du micro comme d’une sucette et nous lance ses regards tantôt langoureux tantôt aguicheurs. Elle est tantôt amusée, tantôt blasée, indifférente. Une flamme se forme quelque soit le lieu où son pieds se pose. Les écrans où elle apparaît deviennent instantanément moites, embués, plein de condensation. La vie est une fête, un show, et Bad Gyal n’en perd pas une miette, n’en manque pas une seconde.
Ses chansons se résument grossièrement à du reggae ou du dancehall au paroles en espagnol. Il y a tout ce qu’on demande : un rythme entrainant, une atmosphère torride, des textes aux sonorités bien embriquées, et une irrésistible envie de danser, qui nous surprend à n’importe quelle écoute.
Sur scène, dans ses clips, dans ses photoshoots, c’est tout pour elle. Normal, c’est elle la star, le centre de l’attention, la personne derrière ses chansons club. La jeune femme a évolué depuis son adolescence. Physiquement on réussit à faire le lien entre les deux, on la reconnaît et en même temps on remarque qu’elle est radicalement différente.
Sa détermination et les objectifs qu’on lui devine, son univers chaud et contagieux et pardessus tout l’énergie vivifiante de ses compositions, interprétations, chorégraphies, son attitude n’ont pas changé mais se sont au fur et à mesure développés dans une version plus évidente, plus imposante. Pour le meilleur.
Pour ce qui est de sa musique, ses morceaux ne cessent de se surpasser, de nous faire bouger, même assis devant nos ordinateurs. Ses plus gros tubes partagés avec Omar Montes sur « Alocao », Juanka sur « Blin Blin », Rauw Alejandro sur le remix de « Zorra », Khea sur « Judas », s’alignent au même niveau que ceux avec Maria Becerra et Mariah Angeliq sur « BOBO », avec Rema sur « 44 » ou ses solos sur « Payita », « Flow 2000 », « Slim Thic » …
Elle nous délivre des clips toujours plus fous, plus travaillés, avec plus de budget, une plus grande qualité, des scénarios, une identité visuelle et une assurance qui saute aux yeux et aux oreilles. On sent également que ce n’est qu’une étape parmi d’autres, que ce n’est qu’un début et que ses ambitions sont extensibles. Plus elle en a plus elle en veut, plus elle donne plus elle reçoit, plus elle vise haut. Comme un diamant brut qu’on taillerait, la marge de perfection est infinie et multiple.
Après plusieurs mixtapes, EPs, singles et autres sorties musicales sous tous les formats possibles, elle enchaine et s’améliore chaque fois. Ses performances sont furieuses, virulentes, elle ne néglige pas son travail et son ambition, son exigence envers elle-même et son art.
Elle qui a quitté son village portuaire natal pour la grande Barcelone, elle s’est battue pour dévoiler son talent, exposer sa voix, transmettre son univers, et bien entendu le tout en s’amusant et prenant du bon temps, ce qu’elle n’hésite pas à raconter en chanson. Ses paroles sont festives, crues et parlent bien souvent ouvertement de sexe.
Grande fan des bloc party jamaïcaine, elle visionne à outrance sur Youtube les vlogs de ce genre de fêtes pendant sa période adolescente. Son pseudo, Bad Gyal vient de son obsession saine pour la Jamaïque, pays riche en musique et en soirées qui te mettent inévitablement en sueur, indépendamment de la température. Elle incorpore ces influences d’Outre-Atlantique et danse leurs pas, reproduit leur esprit, sans se l’approprier ou le déformer, ou lui manquer de respect.
Déhanchements, tenues légères, créoles géantes, Bad Gyal a ses looks signatures. Très charismatique, vulgaire et à la fois jolie on ne peut l’ignorer, feindre l’avoir manqué. Elle passe, trace et laisse son empreinte.
« Mas Raro », « Su Payita », l’incroyable « Pussy » (clip inclus), « Flow 2000 », « Aprendiendo El Sexo », nombreux sont les morceaux que je vous conseille. Ne passez pas à côté de ce phénomène reggae, r’n’b, dancehall, reaggaeton universel et tellement authentique.