Nous l’avons connu il y a quelques années avec son groupe, Inuït, mais depuis Coline Rio s’affiche en solo. Fière d’un premier EP paru en 2022, l’artiste nous présente aujourd’hui son album, Ce qu’il restera de nous. C’est lors du festival du Printemps de Bourges que nous avons posé quelques questions à la jeune chanteuse.
Bonjour Coline, afin qu’on te connaisse un petit mieux peux-tu nous raconter comment tu as commencé la musique ?
J’ai commencé la musique très jeune, à 6 ans avec des cours particuliers de piano. Il y avait beaucoup de musique à la maison donc j’avais l’occasion de côtoyer de beaucoup d’instruments. Ma mère est chanteuse et c’est avec elle que j’ai commencé les cours de chant de l’éveil musical jusqu’à mes 16 ans.
On écoutait quoi chez toi ?
On écoutait Serge Reggiani, Jacques Brel, Barbara, Danyèl Waro, Léo Ferré, des musiques du monde, des chansons à texte.
Tu as de suite su que tu voulais en faire ton métier ou est-ce une passion ?
J’ai très vite voulu faire ça de ma vie. C’était ma passion, mais aussi mon identité. Ça faisait partie de moi, je passais mon temps sur le piano donc c’était assez clair qu’il allait falloir que je m’exprime à travers la musique.
Comment s’est passée cette professionalisation ?
Ça a mûri petit à petit. J’y suis allée assez au culot, car je me suis lancée dans mes premiers concerts tôt, avec mes premières compositions écrites au collège. J’ai fait mon premier concert en troisième devant mes professeurs et quelques élèves. J’ai continué à jouer dans des petits lieux au lycée et à l’extérieur, ma mère m’emmenait avec elle, j’ai joué à l’hôpital, dans des maisons de retraite, avec ma mère aussi. J’ai joué, joué, joué, sans me préoccuper du reste. J’étais très bien entourée.
Qu’est-ce que ça te faisait d’écrire et chanter ? C’était un moyen d’extérioriser des choses que tu renfermais ?
Totalement, c’était un moyen d’expression. L’école était très dure pour moi en primaire et collège. Je passais beaucoup de temps à chanter, j’exprimais ce que je ressentais, j’extériorisais la violence que je ressentais vis-à-vis du monde, des relations, de ce que je comprenais ou au contraire ne comprenais pas. Mes chansons étaient comme un journal intime, malgré le fait que j’en avais un aussi à côté (rires).
Tu as commencé par un groupe, Inuït, comment vous étiez-vous rencontrés ?
Les gars m’ont rencontrée à travers mon projet solo : ils m’ont vu en festival à Rosé, au Caméléon Séché, j’avais 15 ans. Pierre (qui faisait partie du groupe) sonorisait et a beaucoup apprécié ce que je faisais, il m’a proposé de travailler sur d’autres dates au son et m’a aussi parlé de son groupe avec Alexis, un autre membre. On s’est retrouvés à travailler tous les trois, j’étais au lycée, eux à la fac et j’allais faire de la musique avec eux. J’ai passé mon BAC, je faisais de plus en plus de live et cet été-là, ils m’ont proposé d’entrer dans le groupe qu’ils avaient créé récemment. Ils avaient déjà des titres, mais on a préféré repartir de zéro et recomposer ensemble. Je leur avais dit qu’Inuït ne serait pas ma priorité, car je voulais me concerter sur mes projets solo et finalement, le train a démarré et bien pris.
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
Beaucoup, ça m’a professionnalisée, je suis devenue intermittente, j’ai découvert ce qu’était qu’avoir un label, un tourneur, un éditeur. J’ai grandi, j’ai quitté la maison, j’ai dû prendre un appart. J’ai pu jouer dans d’énormes festivals, de grandes salles, et aussi des petits lieux. C’est très important de mélanger les publics et les événements. Je voulais tout ça et en plus, je suis entrée dans la professionnalisation avec cinq gars autour de moi, une team hyper déterminée. Il y avait une énergie très forte.
Le fil conducteur est l’émotion.
Tu as ensuite fait paraître un premier EP, Lourd et délicat, en 2022, comment le décrirais-tu ?
C’est une première prise de parole sur ce que j’avais envie de défendre, ce qui est une part de moi. Je voulais parler de deux forces opposées. C’est une affirmation de soi.
Lourd et délicat, comme toi j’imagine ?
Oui exactement. Il y a ma part de feu qui s’est exprimée à fond sur Inuït et que j’ai hâte de rencontrer de nouveau, et puis la douceur qui est une grande part de ma personnalité, mais pas ma totalité. J’avais besoin de remettre l’émotion au centre de ma vie.
Aujourd’hui, un premier album en solo, Ce qu’il restera de nous, quel lien y a-t-il entre ces deux projets ?
C’est une continuité, une affirmation de cet EP. Il y a plus de titres avec de la rythmique ce qui affirme ma part d’électro, mais il y aussi des titres ultra acoustiques comme Monstres. Pour moi, c’est vraiment la suite logique de l’EP avec encore plus d’intime, j’ai plus le temps de me livrer sur 13 chansons.
Il y a plus d’éléctro, mais tout de même ces tonalités de piano qu’on retrouve derrière chaque titre ?
Totalement. Le mélange acoustique et électro va sûrement rester bien que je me laisse beaucoup de liberté là-dessus. C’était la continuité de l’EP en affirmant encore plus avec des cordes, du piano, et l’électro qui se poursuit.
Une affirmation qui passe aussi par une musique en français alors que tu travaillais en anglais avec Inuit ? Pourquoi ce choix ?
Oui ! J’ai toujours écrit en français. L’anglais s’est imposé avec le style Inuït, mais mon instinct me fait écrire en français depuis le début, c’était finalement un retour à la base, à l’origine.
D’après toi, quel serait le lien entre tous les titres de l’album ?
Le fil conducteur est vraiment l’émotion. Je me base sur l’émotion même dans la manière d’interpréter les chansons, c’est très instinctif, libre, je laisse les émotions s’exprimer. J’ai aussi beaucoup cristallisé les souvenirs.
Oui, dans tes chansons, on retrouve une avancée entre l’enfance, l’adolescence, la jeune adulte et désormais l’adulte qui se confirme dans sa position.
Complètement, ce qu’il restera c’est tout ce qui fait qui on est, les rencontres, les souvenirs ; et je vais en créer d’autres, cet album n’est pas à prendre au passé, il montre juste ce qui est important pour moi.