Charles Bradley : Retour sur un parcours difficile

23 septembre 2017, je suis dans ma chambre lorsque j’entends passer sur radio Nova l’annonce de la mort de Charles Bradley.

Comme beaucoup de personnes, j’ai découvert Charles Bradley très tardivement. Pour ma part, c’était aux alentours de 2013. Je me souviendrai toujours du moment où je l’ai entendu pour la première fois. Quand il chantait, il mettait son âme à nue, et était souvent au bord des larmes. Mais le plus marquant était sa voix venue d’une autre époque. « Why it is so hard to make it in America » fut le premier titre qui m’a poussé à en apprendre plus sur cet artiste. Son chant rempli de tristesse et d’espoir à la fois, m’a vite fait comprendre qu’il avait une histoire très particulière.

Why it is so hard to make it in America ? Retour sur le parcours compliqué du chanteur

A l’écoute de ce titre, on comprend clairement que Charles Bradley a eu une vie très difficile. Mais qu’en est-il exactement ?
Charles Bradley n’a connu la célébrité que très tardivement, aux alentours de ses 60 ans. Une célébrité tardive due à une vie et un parcours très difficile.

14 ans, en 1962, un âge qui marque le changement

C’est à 14 ans que Charles Bradley, aujourd’hui grand artiste de la soul, découvre James Brown en concert. Sa sœur l’emmène pour la première fois à une performance du roi de la soul et de la funk. Tout de suite subjugué, Charles Bradley gardera James Brown comme sa principale référence musicale. Rien d’étonnant lorsqu’on écoute ses titres finalement. L’influence du roi de la soul se fait sentir dans le style de Charles Bradley.
14 ans, c’est aussi l’âge où il se retrouve sans domicile fixe, fuyant une mère instable prenant alors que très peu soin de ses enfants. C’est à cette époque qu’il décide de parcourir les Etats-Unis en auto-stop pour trouver un travail. Il se fait tabasser par la police régulièrement, encore imprégnée par un racisme très présent dans le pays.

Un cuisinier qui rêvait d’être artiste

Charles Bradley finira par trouver une formation de cuisinier dans le Maine. En parallèle, toujours sous l’emprise de son rêve de chanter, il monte un groupe et réalise sa première scène. Il sait à ce moment que c’est ce qu’il veut, être artiste. Malheureusement, peu après, son groupe doit aller au Vietnam, et il est envoyé dans un hôpital psychiatrique en tant que cuisinier. Il passera 9 ans de sa vie dans cet hôpital à New York. Il décide de quitter New York et trouve des postes de cuisinier un peu partout sur le continent Nord Américain : Californie, Canada et finalement en Alaska. Cela fait 20 ans qu’il est cuisinier et qu’il enchaîne les groupes sans en avoir aucun de fixe. Juste au moment où il a économisé assez d’argent pour s’acheter une maison, il est licencié. Il décide donc de revenir à Brooklyn, endroit où il a grandi pour se consacrer pleinement à la musique. Bien évidemment certaines personnes ont des parcours semés d’embûches, et ses malheurs se s’arrêtent pas là. Un beau matin, vivant désormais dans la maison de sa mère, il est réveillé par la police. On lui annonce que son frère a été assassiné par son neveu. Un parricide. Une étape de sa vie qu’il n’oubliera jamais et pour laquelle il écrit une chanson qui marquera le début de son succès en 2007 : « Heartaches and Pain ». Sa voix encore une fois pleine de tristesse, sur une instru soul, du grand art à la Charles Bradley.

 

Un succès tant attendu, pour finalement mourir un an après

Autant de galères dans une même vie… Malgré ses problèmes, Charles Bradley poursuit son rêve d’artiste. Il est repéré après quelques performances dans Brooklyn par le label Daptone Record et sort son premier album studio avec eux en 2011 : « No Time For Dreaming ». Il avait déjà enregistré avec ce label quelques singles, notamment en 2007 avec ces deux titres incontournables : « Heartaches and Pain », « The World Is Going Up In Flames ».

C’est finalement en 2016 qu’il connaîtra un plus grand succès avec la sortie de son album Changes. Cet album figure parmi les « meilleurs albums de l’année 2016 » selon plusieurs magazines spécialisés. Il doit notamment son succès au titre « Changes », qui générera plus de 6 millions de vues sur YouTube et deviendra le générique d’une série Netflix connue « Big Mouth ».

Cet album qui lui aura enfin permis de connaitre la célébrité, sera son troisième et dernier. A peine un an plus tard, alors qu’il programmait une tournée et vivait son rêve d’artiste tant attendu, il succombe à un cancer. Il avait seulement 68 ans.

Un an après sa mort, Charles Bradley reste un artiste que très peu connu en France. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, n’hésitez pas à écouter ses titres, vous ne le regretterez pas !