Alain Chamfort : Gainsbourg, les Beatles, la pop et moi…

Paris, mercredi 10 octobre 2018. Alain Chamfort participe au concert de Taratata, en faveur de la Fondation pour la Recherche Médicale, au Zénith de Paris. Trois heures avant que la scène s’anime, je le retrouve, lunettes posées sur le nez, un verre à la main,  tranquillement installé devant le Trabendo, une petite salle de concert située à deux pas du Zénith. Un membre de son label l’accompagne. Je lui explique pourquoi j’ai souhaité l’interviewer : fan de rock, je découvre de plus en plus la musique pop dont il est l’une des figures. Il sera question de Gainsbourg, de McCartney, de Ferré et de quelques autres mais aussi et surtout de lui et de son dernier album où il nous parle du monde qui va, qui vient, et qui parfois l’inquiète un peu…

 

Au mois d’avril vous avez sorti votre 14ième album, Le Désordre Des Choses, écrit par Pierre-Dominique Burgaud. Tout au long de votre carrière, d’autres artistes, comme Jane Birkin et Serge Gainsbourg, ont écrit pour vous. Que vous ont apporté ceux avec lesquels vous avez le plus travaillé ?

Gainsbourg m’a apporté sa maîtrise de l’écriture, le sens et le son. C’était un musicien donc il choisissait les mots en fonction de la sonorité. Il parlait plus de lui que de moi mais j’étais content car le fait qu’il accepte de travailler avec moi permettait aux gens de m’écouter autrement. Ceux qui écoutaient Gainsbourg se disaient : s’il accepte  de travailler avec Chamfort, c’est que Chamfort n’est pas si mauvais que ça ! Vous associer à des gens respectés contribue à vous crédibiliser. Serge et moi avons fait trois albums ensemble mais lors du dernier, nous n’étions plus dans une parfaite entente pour diverses raisons. Serge m’a notamment repris une chanson qu’il m’avait écrite pour la donner à Catherine Deneuve. Je ne voulais plus travailler avec lui. Or j’avais une musique sur laquelle il fallait écrire un texte. C’était dans les années 80. Lio a demandé à Jacques Duvall, qui était son premier parolier –Banana Split, c’est lui- s’il accepterait de travailler sur cette chanson et puis ça a duré une trentaine d’années !

Jacques Duvall, c’est celui qui m’a le plus apporté. Avec lui, nous avons défini un personnage. Il m’a plus observé que Serge et m’a fait  des textes sur mesure, de la même manière que Pierre-Dominique Burgaud sur ce nouvel album. Car avec Pierre-Dominique on se connait depuis longtemps, il a eu le temps de me rencontrer, de me connaître. Il a pris le relai de Jacques qui voulait arrêter l’écriture et il a ouvert sur quelque chose de différent, sur des choses plus directes, moins dans la posture. Il n’y a pas de cynisme chez Jacques mais on se cache derrière un humour, un peu de distance avec les sujets traités. Alors qu’avec Pierre-Dominique, on choisit des thèmes plus directs, sur le temps qui passe, l’engagement, le regard qu’on porte sur la société.

Je reviens sur votre collaboration avec Gainsbourg. Vous avez mis fin à votre collaboration « pour diverses raisons » disiez-vous à l’instant. Pouvez-vous les détailler ? 

Lors de nos premières collaborations, Serge n’ayant pas un gros succès personnel, il était totalement disponible. Il avait certes une côte aux yeux de la profession, il était reconnu comme un bon auteur mais sa carrière publique ne marchait pas beaucoup. Il était donc disposé à écrire pour d’autres, ce qui l’intéressait et l’amusait.
Puis, entre le deuxième et le troisième album qu’on a fait ensemble, sa carrière a explosé. Il est devenu Gainsbourg et même s’il attendait ce succès, le jour où ça lui est tombé dessus, il a eu des difficultés à l’accepter et à le vivre… C’est pour ça qu’il a inventé ce personnage de Gainsbarre qui consistait à se laisser emporter par des délires alcooliques et à faire de la provocation. Avec le public, ça a fonctionné, il était un peu Dr Jekyll et Mister Hyde, ce type à deux facettes. Il n’avait plus vraiment la disponibilité nécessaire, ni l’envie de travailler pour quelqu’un d’autre, ce qui l’a conduit à bâcler les textes qu’il écrivait pour moi. Je ne pouvais pas le laisser faire… On avait un engagement tous les deux pour faire des jolies chansons mais l’énergie et la motivation manquaient. Malgré tout, je suis arrivé à lui faire écrire de belles chansons pour le dernier et troisième album, même si les premières qu’il m’avait proposées étaient épouvantables. À la suite de ça, je n’ai plus eu envie de faire appel à lui. Et surtout, j’ai eu la chance de rencontrer Jacques Duvall. C’est ainsi que les choses se sont enchaînées autrement.

À propos de votre collaboration avec Pierre-Dominique Burgaud, vous parlez du temps qui passe. On le ressent particulièrement dans En attendant et Exister, avec des questions du style « Que fait-on ici ? », « À quoi sert-on ? », cela correspond-il à votre état d’esprit ?

Ce sont des questions qu’on est tous en droit de se poser ! C’est un peu étrange la vie… On n’a pas choisi d’être là ! Il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas choisies : sa famille, son milieu social d’origine, son état physique… On maîtrise plus ou moins notre vie mais plein de choses déterminent ce qu’elle va être et il faut faire avec. Il y en a qui y arrivent avec plus ou moins de chance. On n’est pas forcement tous égaux devant notre destin.

Vous êtes un peu comme un métaphysicien ?

(il rigole) La chanson permet d’essayer de raconter nos interrogations. Evidemment, ce sont des thèmes sans fin et on ne fait que les survoler. Ils sont tellement complexes qu’on ne peut pas véritablement les développer. D’ailleurs, est-ce qu’on en serait capable ? Je n’en suis pas sûr. En tout cas, on peut évoquer ces questionnements qui sont certainement inhérents à chaque être humain.

Dans Palmyre, vous décrivez la beauté  de la Syrie. Lors d’une interview, vous aviez dit qu’il est important pour les artistes « d’abonder dans les choses jolies. »  En quoi était-ce important, pour vous, de choisir la Syrie ?

C’est un symbole des traces artistiques qui ont été détruites. Mais l’âme reste… Le symbole de la destruction de la beauté ne peut pas avoir gain de cause. Il restera toujours un souvenir de ce que c’était avant. La beauté l’emporte sur le reste. Et la beauté, c’est tellement subjectif. Est-ce que vieillir ne serait pas plus beau que rester jeune ? C’est tout cela qui est évoqué dans la chanson. L’idée était de prendre le contrepied de ce que l’on considère généralement comme beau et de voir que le côté obscur peut être aussi beau que le côté éclairé.

Dans la chanson Sans Haine ni Violence,  vous dites : « Elle est entrée par effraction, jusqu’au dernier battement de coeur, elle a tout pris à l’intérieur ». « Elle » semble désigner une femme mais ce pourrait être la mort puisque vous citez La promenade des Anglais…

« Sans haine ni Violence » c’est le graffiti qui avait été laissé par Albert Spaggiari lors du hold up du siècle à Nice (juillet 76). Il était passé par les souterrains et avait fait un casse dans une banque en laissant cette phrase car il avait réussi sans atteindre personne ! Il est ressorti avec des caisses pleines d’or sans avoir commis la moindre violence. Donc c’était quand même un exemple… Et nous avons fait un parallèle entre cette histoire et une histoire d’amour, celle de quelqu’un qui vient vous dévaster sans haine ni violence non plus, qui le fait juste car elle a choisi de vivre comme ça. Elle vous fait mal sans l’avoir souhaité.

Dans les paroles de Tout est Pop vous dites « Tout est pop regarde autour de toi, le monde est pop » puis vous citez « le visage de Grégory » au même titre que « Paris Hilton ». On a l’impression que vous portez un regard complètement désabusé sur le monde contemporain, sur la valeur des choses…


C’est un peu un constat. C’est l’observation de la manière dont tout est traité aujourd’hui. Warhol l’avait prédit : tout le monde veut avoir son quart d’heure de célébrité, tout le monde est capable de faire un geste artistique. On en est là : chacun prend son iPhone et fait ce qu’il veut. Ce n’est pas un jugement moral. Simplement, on considère qu’il n’y a plus vraiment de hiérarchie dans les médias, dans la façon de traiter l’information. La politique utilise Instagram, tout est  mêlé, il y a une espèce de confusion générale. Tout sert à tout le monde et c’est difficile de voir où ça va nous mener.

Récemment encore, sur Arte, il y avait un sujet sur la campagne et l’élection de Trump, aux Etats-Unis. C’est quand même inquiétant, le niveau de manipulation ! Via les réseaux sociaux, on fait circuler de l’information, on cible les gens de manière très précise, on arrive à les influencer de manière scientifique, on sait à quoi ils vont réagir car on a suffisamment de données sur les uns et sur les autres… On connait vraiment les gens. On sait comment on peut les inciter à aller vers un candidat plutôt que vers un autre. On est dans une période charnière et inquiétante où tout est dans tout. On ne sait pas trop sur quoi ça va déboucher.

Vous utilisez beaucoup les réseaux sociaux ?

Non. Je les utilise très modestement. La maison de disque nous presse en nous disant qu’il faut avoir son compte Twitter, sa page Facebook, etc. Je le fais car je crois qu’aujourd’hui, on ne peut pas y échapper totalement… Mais je le fais de manière tellement amateur que ça ne peut pas servir à grand-chose. Si on s’y met vraiment, il faut le faire de manière sérieuse, en postant des photos de soi, avec des commentaires… Je n’aime pas faire ça, d’autant que je m’inquiète de l’utilisation de toutes ces données. Je n’ai pas envie  d’y contribuer davantage.

La manière dont vous décriviez le monde contemporain est particulière. Ce monde, il vous fatigue, vous amuse, vous met en colère ?

Il m’inquiète…. Ca ne me fatigue pas car je peux m’en extraire. Je prends cette liberté quand j’en ai envie. J’essaye d’avoir des plages où je peux être ailleurs…  Je peux lire, écouter la musique que j’ai envie d’écouter, débrancher le téléphone, ne pas regarder la télévision, essayer d’apprécier le moment pour ce qu’il est. Il y a une telle accélération de tout qu’il n’y a plus le temps de la réflexion, plus le temps de laisser les choses maturer. Il faut tout de suite réagir, donner un avis, on a même pas le temps de savoir ce qu’il s’est passé qu’il faut déjà le commenter ! C’est une politique de communication. On ne sait pas à qui ça profite, tout ça.
Dans le sujet d’Arte, on avait l’impression que Trump était choisi par un mec qui manipule tout. Un banquier qui a fait fortune dans je ne sais quoi, qui a des idées d’extrême droite, qui au départ avait misé sur un autre candidat républicain lors des primaires. Et puis comme c’est Trump qui est sorti, il a tout misé sur lui, lui offrant son équipe de communication, le finançant et utilisant des sociétés qu’il a dans le monde entier pour influencer les votants. Ce mec est dans l’ombre, on sait qui c’est mais il ne se montre jamais.
Comment peut-on expliquer la guerre en Syrie ? On ne sait pas pourquoi il y a des guerres, des colonnes de réfugiés qui ne savent pas où aller. Ca sert des intérêts mais les intérêts de qui ? On est sous une pluie d’informations qu’on ne cherche d’ailleurs pas à avoir mais qui nous arrivent via des alertes ! Que fait-on  de ces informations ? Pourquoi nous les envoie-t-on ? Quelle est leur signification ? Pourquoi veut-on nous entraîner dans une espèce de panique, de peur ? Je ne sais pas.
Je ne peux pas dire qu’avant, c’était mieux, ça n’aurait pas de sens. Car avant, il y avait moins de transparence mais la transparence en tout est-elle vraiment indispensable ?

Dans la chanson Les Microsillons vous dites « Lorsque la vie m’aura coupé le son, les chanteras-tu toutes ces chansons ? » Lors d’une précédente interview, vous aviez dit que selon vous, toute personne connait au moins une chanson qui lui fait du bien. Est-ce que vous avez une ou plusieurs chansons qui vous font du bien ?

Il y a des chansons qui peuvent accompagner une humeur particulière ou un événement marquant de votre vie. Si, à un moment donné, il y a un croisement ou une intersection avec une chanson, elle va s’inscrire avec l’événement que vous avez vécu et quand vous ré-entendrez la chanson, tout resurgira. Il y a des chansons qui consolent les gens. Et des gens qui trouvent dans la chanson une matière à comprendre leur propre histoire.

Il y en a une qui vous vient à l’esprit ?

J’avais été très marqué par Avec le Temps de Léo Ferré. C’est une vieille chanson qui finissait par dire « Avec le temps, on n’aime plus ». Je trouvais cette fin dure mais c’est certainement un ressenti. Je me suis dit : « Pourvu que je ne ressente pas ça ! » (il rigole).

Sur cet album, vous avez collaboré avec Yann Wagner sur Linoléum. Vous avez récemment travaillé sur l’album Endless Revisions de Chloé. En 2004 vous aviez travaillé avec Doriand. Qu’est-ce qui vous pousse à aller vers la jeune génération ?

Ce sont des relais. Ils trouvent en mon travail quelque chose qui leur parle et moi ça m’intéresse de voir ce que les gens deviennent aujourd’hui, la place qu’ils prennent dans la musique, comment ils poursuivent le chemin…
Quand je l’ai connue, Chloé était une petite fille. Elle ne savait pas ce qu’elle allait faire de sa vie. Sa maman était une amie de la maman de mes enfants. Elle voulait faire du mannequinat et, finalement, elle s’est tournée vers la musique. Je la suivais et j’ai bien aimé la façon dont elle a trouvé sa place. Elle a conservé une certaine éthique, une recherche. Ce n’était pas juste quelqu’un qui voulait devenir célèbre.
Doriand, je l’ai connu il y a très longtemps. Il arrivait de Bordeaux, il était fan de Lio et aimait bien ce que je faisais. À l’époque on s’est présenté avec Etienne (Etienne Daho, ndlr) et toute cette bande-là. Et puis un jour, Doriand a fait un album avec Peter Von Poehl (Le Grand Bain, sorti en 2004 ndrl). Ils avaient envie que je vienne jouer du piano dedans (Les Filles Que J’aime et Le Tatouage  ndlr).
Tout ça, ce sont des filiations qui semblent naturelles car elles ne sont pas imposées par qui que ce soit. C’est une envie réciproque.

Il y a une collaboration qui vous a plus marqué que les autres ?

La scène électro avait fait des reprises de mes chansons sur un album (Versions revisitées, sorti en 2000 ndlr). Ils les ont réadaptées avec leur propre travail et leur propre vision des choses. J’ai eu l’occasion de les rencontrer à ce moment-là. Mais il y en a pas un, particulièrement, dont je me dis : « C’est lui ! ». Je les aime bien tous.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la musique  pop ? Par exemple, Brigitte, Angèle, ce qui marche le plus…

J’aime bien Angèle. Il y a quelque chose, dans sa personnalité, qui m’amuse. Elle a la malice qu’il faut. Elle me fait un peu penser à la Lio des années 80. Elle est très représentative de la génération qu’elle incarne. Ils ont compris déjà pas mal de choses car ils ont la possibilité d’accéder à plein de choses. Il y a une maturité assez rapide. Brigitte ? Je suis plus étranger à ça. Je suis moins touché.

Juliette Armanet ?

Oui, elle est bien dans la continuité des chansons… Ce sont des gens qui aiment la chanson, qui écoutaient de la chanson, qui ont choisi ce mode d’expression et laissent leurs influences s’exprimer, en les assumant. Je trouve cela plutôt bien. C’est assez varié, diversifié et en même temps maîtrisé.

Vous avez  fait un duo avec Juliette Armanet sur Les Microsillons. Comment le choix s’est-il porté sur cette chanson ? Les paroles ne correspondent pas vraiment à sa génération…

C’est elle. La chanson l’a touchée. Ca avait été repris sur un sampler des Inrocks qu’ils font régulièrement. Juliette l’a écoutée, elle était dans sa voiture, elle a trouvé ça super joli et a souhaité m’inviter dans une émission qu’elle faisait  (Alcaline, diffusé le 8 juin 2018 sur France 2 ndrl). Donc on est entré en contact. Je trouve que les chansons parlent d’elles-mêmes. La chanson a fait son travail. Juliette a été émue en l’écoutant et comme elle a une formation de pianiste un peu classique, la musique l’a touchée. On l’a donc interprétée dans le cadre d’Alcaline. Ensuite, j’ai fait un Taratata, je lui ai demandé si elle était d’accord pour la chanter et elle est venue.

J’imagine que vous recevez beaucoup de textes de chanson ? Comment faites-vous votre choix ?

Le texte de la chanson doit être en lien très étroit avec la musique.

La musique avant, les paroles après ?

Oui, souvent. Je trouve que la musique installe un tel climat que si le texte n’est pas raccord avec elle, si la musique n’est pas capable d’inspirer à l’auteur quelque chose qui ressemble à ce qu’elle évoque, eh bien la chanson n’est pas réussie ! On doit avoir l’impression que c’est un ensemble cohérent, qui est né ensemble. Si j’avais le talent j’aimerais bien tout faire…

Vous ne vous en sentez pas capable ?

Non. Je vois faire les gens avec lesquels je travaille. Ils ont des capacités que je n’ai pas. Je sais que musicalement je m’en sors. Mais écrire avec cette maîtrise-là, je ne sais pas faire.

En fouillant dans votre carrière j’ai retrouvé une vidéo de votre tout premier groupe, Les Mods, où vous chantez une chanson intitulée Je Veux Partir (sortie en 1966). On entend beaucoup les Beatles, notamment Drive My Car, sortie un an plus tôt. C’était une inspiration ?

Bien sûr. Les Beatles ont apporté tellement de choses, de fraîcheur. Je sortais de la musique classique, j’étais très marqué par les compositeurs comme Chopin ou Brahms… Et quand les Beatles sont arrivés, ils nous ont mis autre chose en tête. C’était beaucoup plus simple et en même temps, c’était fun. D’un seul coup, il y avait un vrai changement générationnel. Avant eux, il y avait une musique anglaise et américaine qui était bien, elle aussi, mais eux ont apporté à la fois le rythme et des chansons très optimistes  comme I Want To Hold Your Hand ou She Loves You. Ils ont été très créatifs. Ils ont marqué, influencé, impressionné, imprégné tous les pays du monde. C’était incroyable !

Vous allez voir Paul McCartney en concert à Paris en Novembre ? (28 novembre à l’U Arena)

Oui !

Est-ce que le nom Les Mods (contraction de Modernists) vient du nom que l’on donnait, au Royaume-Uni, aux jeunes des années 60 qui écoutaient beaucoup les Beatles, les Kinks, les Stones, etc ?

Oui ! En Angleterre, à l’époque, il y avait les rockeurs. Les Beatles, au départ, quand ils jouaient à la Taverne de Hambourg, ils avaient des blousons en cuir noir. Ils étaient rockeurs. Ils étaient dans cette revendication-là. Car à l’époque, c’était Elvis Presley… Après, il y a eu les Kinks… La pop culture est vraiment née à ce moment-là. C’était un choix vestimentaire différent, une manière plus moderne de se différencier, de reprendre des choses autres que ce truc de rock qui commençait déjà à appartenir à une génération un peu passée et c’est de là qu’est arrivée toute la vague de Carnaby Street, la mini-jupe, etc. Dans tous les domaines, ça bougeait. C’était très intense, le recouvrement de tout, ça bouillonnait.

Aujourd’hui après presque 50 ans de carrière, y a-t-il toujours des artistes qui vous inspirent ?

Je n’ai pas un artiste que je vénère, un astre, comme ça, qui brillerait au-dessus de moi… Mais si je devais en citer un, ce pourrait être McCartney… McCartney, c’est la longévité, avec une telle somme de choses à son actif, cette chance d’avoir survécu par rapport aux autres, de produire plus. Quand je l’ai vu au Stade de France en juin 2015, c’était un vrai moment de vie qui passait… Être là, à ses débuts et être encore là, aujourd’hui… Je me rappelle que devant moi, il y avait un groupe de gens qui avaient mon âge et je me suis dit : « C’est drôle, parce qu’ils ont dû se connaitre quand les Beatles en étaient à leurs débuts et voilà, c’est toute leur vie qui passe… ». C’est super émouvant.

Avez-vous encore des influences artistiques ?

Oh oui ! J’ai toujours aimé les musiciens capables d’ouvrir des perspectives autres : Burt Bacharach, Gerschwin, Cole Porter ou des Brésiliens comme Carlos Jobim.
Des compositeurs de musique de film, aussi, comme Nino Rota, Delerue…

 

Découvrez Tout Est Pop morceau extrait du dernier album d’Alain Chamfort Le Désordre Des Choses sorti le 20 avril 2018 :

Découvrez la tournée d’Alain Chamfort qui passera à Paris le 15 novembre 2018 au Trianon et le 19 mars 2018 à la Cigale en cliquant ici

Alain Chamfort