Entretien avec Rouquine : « On aime se connecter à des émotions fortes et profondes »

Hier soir à Paris a rencontré le duo Rouquine composé de Nino Vella et Sébastien Rousselet avant le passage sur la scène du FNAC Live. Ils nous parlent de leur parcours et de leur futur album, Masculine à paraître le 26 août.

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Bonjour messieurs, est-il possible de vous présenter pour nos lecteurs ? 

Sébastien : Nous sommes le duo Rouquine, un duo de garçons plutôt bruns, plutôt gentils, souriants, qui aiment la vie, qui aiment danser, chanter, rire et qui chantent de la pop française. Ce duo est composé de Sébastien Rousselet, le « rou » de Rouquine, j’écris les textes. J’aime écrire des histoires, des histoires qui riment principalement ce qui fait des textes de chansons. J’écris aussi pour d’autres, dont des rédactions pour mes enfants et j’ai commencé en écrivant celles de mes potes à l’école.

Nino : Je suis Nino, le second membre du groupe, « quine » donc (rires). Je suis chargé de la composition des chansons de ce groupe, pianiste de formation, j’en joue aussi sur scène. Nous chantons tous les deux, à tue-tête.

Avant, vous aviez un autre groupe, Babel, comment est-on passé de Babel à Rouquine et pourquoi tous les deux ? 

Sébastien : Le plus simplement du monde. (rires) On était un groupe de 4, ça a duré 8 ans, un groupe de rock et chansons électro. En plus de nous, il y avait une violoncelliste et un DJ. Le groupe s’est arrêté en 2018 après de nombreuses tournées en France et ailleurs. Pendant deux ans, on a beaucoup travaillé pour d’autres gens, plus de projets dans l’ombre et on a recommencé à écrire ensemble et au bout d’un an, on s’est demandé si on ne pouvait pas former un nouveau groupe avec ces chansons. Rouquine existe depuis deux ans désormais.

Vous vous êtes fait connaître avec l’émission « The Artist » que s’est-il passé depuis ? 

Sébastien : Depuis on a continué à faire des chansons et on a terminé notre album qui sortira fin août, le 26 précisément, et qu’on vient de terminer.

Nino : On a fait notre première tournée des salles avec de nombreux concerts, beaucoup de premières parties. On a eu la chance d’être remarqués par des gens comme Gaëtan Roussel ou Jérémy Frérot qui nous ont bien aidés, notamment sur l’Olympia. On a démarré la tournée des festivals, on en est très heureux.

Vous aviez aussi un EP, Mortel avec des titres accrocheurs, c’est aussi ce que vous prévoyez pour l’album ? 

Sébastien : Je pense que l’album est dans la continuité de cet EP. L’EP est un bon condensé de l’album.

Comment travaillez-vous sur la préparation d’un album ? 

Sébastien : Il n’y a que du nouveau sur l’album, éventuellement, il peut y avoir quelques phrases qu’on recycle, car elles nous restaient en tête ou une vieille mélodie. Souvent, on part de la mélodie pour écrire le texte, c’est notre mode opératoire classique.

Vos textes parlent souvent du temps qui passe, des étapes de la vie. C’est quelque chose qui vous parle spécifiquement ? Qui vous fait un peu peur, vous avez besoin de mettre des mots dessus ? 

Sébastien : Je crois qu’on aime bien se connecter à des émotions fortes et profondes, on aime la mélancolie, l’humour, la rage. Musicalement, on essaye de se connecter à cela et on essaye de contraster avec des textes qui sont souvent des sujets graves ou du moins forts, comme donner naissance, naître soi-même, mourir, la maladie … Il n’y a pas eu une volonté dans ce contraste, pas un concept précis là-dedans, cela s’est fait naturellement. C’est une fois qu’on avait toutes les chansons qu’on a d’ailleurs remarquées les tranches de vie.

Nino : Effectivement il y a l’adolescence, les premières amitiés, les premiers amours, le dépucelage même, la naissance, la mort, la vieillesse. Ce ne sont que des tranches de vie qui ne sont pas par ordre par contre, mais qui se retrouvent sur l’album. Ça pourrait presque être un concept-album, mais ça ne l’est pas du tout parce que sinon ça enfermerait un peu l’album alors que c’est simplement quelque chose qu’on peut se dire quand on l’écoute, mais on peut aussi passer à coté sans soucis.

Vous avez des influences spécifiques que vous avez écouté pour travailler cet album ?

Sébastien : Oui, la pop / électro-pop anglo-saxonne du moment, des gens comme James Blake, une chanteuse comme Rosalia, Bon Iver, Son Lux … Et dans les textes, je dirais du rap dans la forme qui m’inspire beaucoup. Nino écoute beaucoup du rap urbain. Le rap nous inspire pas mal, c’est une façon de faire de la musique avec des mots. Sinon j’ai beaucoup écouté Renaud quand j’étais gamin ainsi que Souchon. Ils m’ont beaucoup inspiré, Renaud dans sa façon de raconter des chansons, mettre des histoires en musique. Pour faire une synthèse Orelsan et Renaud.

Vous travaillez avec d’autres artistes, est-ce que c’est la même chose de préparer des morceaux pour soi et pour les autres ?

Nino : C’est plus léger, il n’y a pas la même charge mentale, on a plus de recul, on est plus détachés émotionnellement. Beaucoup de données disparaissent de l’éthique, ou encore de l’égo qu’on se donne lorsqu’on travaille pour soi, notre public, notre maison de disque. Le travail sur notre album était facile au début, il était très spontané, on avait à peine l’idée de créer un groupe avec et plus la date de fin approchait plus le travail devient cérébral.

Sébastien : On n’est plus des artistes qui créent sans se prendre la tête comme quand on a fait Mortel, on devient peu à peu directeurs artistiques, on finit par se juger, on réfléchit à la cohérence de l’album, on intellectualise.

Nino : Donc le fait d’être émotionnellement plus détachés ça rend le travail plus fluide et facile.

Sébastien : Ce qui est intéressant, c’est l’adaptation, savoir pour qui on écrit, quel type de mélodie va lui correspondre, ce qu’il va pouvoir chanter selon sa tessiture, le choix des mots aussi. On ne s’adresse pas de la même façon quand on écrit pour un mec comme Bruel, qui a une soixantaine d’années, qui a son parcours et qu’on connaît tous sans le connaître que pour un jeune de 25 balais qui est dans une veine plus pop. C’est très intéressant de faire du sur-mesure sans trop en faire. Parfois, on vient aussi te chercher pour ce que tu es, du coup, tu dois faire (par exemple) du Rouquine avec des choix de mots crus, des thématiques âpres… L’équilibre n’est pas forcément évident de trouver comment faire du Rouquine pas pour Rouquine.

Nino : Il faut mettre sa patte tout en étant pour quelqu’un d’autre.

Il vous arrive que des artistes arrivent déjà avec un texte et vous demande une mélodie, ou au contraire ont une mélodie, mais pas un texte ?

Sébastien : Quand ils veulent une mélodie, ils vont voir Nino directement, mais pour le coup le texte part systématiquement de la musique, mais quand on nous commande une chanson à nous deux, on part souvent du texte bizarrement. C’est le fonctionnement inverse.

Vous avez une tournée après l’album aussi en préparation, des festivals cet été dont le FNAC Live aujourd’hui, qu’est-ce que ça vous fait d’être annoncé comme « Attention talents » ? 

Sébastien : Nous sommes flattés, nous ne savions pas ! Ça fait plaisir. Nous faisons partie des « Découvertes » du festival.

Manon Sage