Vous êtes friand de musique soul, mais vous avez déjà écumé toute la discographie de Bill Withers, Ray Charles ou encore Aretha Franklin ? Alors vous êtes tombé au bon endroit !
La néo-soul est un genre musical moderne considéré comme une combinaison de diverses sonorités. Des influences provenant de la musique soul des années 1970, du jazz, de la funk, du gospel, du hip-hop et de la house music. Il a été évoqué pour la première fois par Kedar Massenburg, producteur des studios Motown à la fin des années 1990 et connaît un grand succès dans les années 2000. On retrouve parmi les piliers de ce genre musical : D’Angelo, Erykah Badu, Lauryn Hill, ou encore Maxwell. Aujourd’hui plus que jamais, les inspirations rétro et le retour aux sources sont des thématiques au cœur de nombreuses œuvres musicales. Découvrez dans cet article trois artistes qui réinventent la Soul à la perfection.
Arlissa | l’interprète au service de la réalité de l’amour
De son vrai nom, Arlissa Ruppert connaît ses débuts en 2012 à l’âge de 20 ans. Née en Allemagne, cette chanteuse et compositrice a grandi à Londres. Dès son adolescence, elle attire les maisons de disques. C’est en 2019 qu’elle signe chez Capitol Records, mais cette dernière s’est vite rendue compte de son erreur. Les ambitions bien différentes du label concernant sa carrière la poussent à s’en libérer, jugeant que cet environnement limiterait son talent. Elle est ensuite repérée par NAS. Considéré comme l’un des plus grands rappeurs connus, on le retrouve au côté de The Notorious B.I.G en tant que pilier de ce style de la ville de New York. Ce dernier collabore avec Arlissa sur le morceau Hard To Love Somebody, qui sera choisi comme morceau de la semaine dans l’émission de Scott Mills sur la radio BBC.
Avec une moyenne actuelle de 40.000 auditeurs Spotify, je vous conseille de la découvrir non pas sur cette plateforme, mais sur Youtube. En effet, c’est une série de vidéos postées entre 2017 et 2019 qui a permis à cette jeune femme bourrée de talents de se faire connaître. Chacun de ces titres prône l’amour sous toutes ses formes. Sa chanson Hearts Ain’t Gonna Lie est sans doute la plus reconnue, avec plus de 2 millions de vues. Dans ses clips, elle exprime sa douceur naturelle, mais elle impressionne encore plus quand elle se passe d’effets. Une caméra, un micro et ses textes, voilà tout ce qu’il lui faut. Un aspect intéressant la concernant est qu’elle n’a jamais souhaité expliquer le sens de ses œuvres. Un choix réfléchi qui laisse aux auditeurs une totale liberté d’interprétation à partir des paroles qui lui sont personnelles.
À côté de ce succès, Arlissa a participé à divers projets d’écriture comme pour la bande originale du film The Hate U give. Une adaptation du roman d’Angie Thomas relatant la dure réalité des violences policières envers la communauté afro-américaine aux Etats-Unis. Étant moi-même une auditrice fidèle depuis ses premières vidéos Youtube en solo, imaginez ma surprise en reconnaissant sa voix sur le titre We Won’t move dans ce film. Une œuvre bouleversante et moderne que je vous invite à regarder si sa thématique vous intéresse. Son interprétation se place comme le résumé parfait des émotions développées dans cette histoire que nous connaissons malheureusement que trop bien. Allant de l’esprit de révolte face à ces injustices, à l’espoir de changement.
Faire le choix Arlissa, c’est faire le choix de l’authenticité avec une artiste aussi douce que passionnée.
KIRBY | la self-made queen de la Soul
Kirby Lauryen Dockery, alias KIRBY, est née dans la renommée ville de Memphis dans le Tennessee. Passionnée de musique, elle fait ce que beaucoup redoutent. Elle abandonne tout pour se consacrer à sa passion. Elle quitte son travail, vend sa voiture et retourne vivre chez ses parents pour se lancer un défi de taille. En 2013, elle décide de publier chaque jour une composition musicale accompagnée de sa propre voix sur Youtube (ça vous rappelle quelqu’un n’est-ce pas ?). Contrairement à notre Londonienne, Kirby a tenu ce challenge pendant 275 jours ! Pourquoi 275 ? Car c’est à ce moment que le cofondateur du label new-yorkais Roc Nation, Jay Brown l’a remarquée et décide de la signer. On peut dire que cet homme a eu un flair remarquable, car un grand nombre d’artistes commencent à la solliciter pour son écriture.
Demi Lovato sur le titre Tell Me You Love Me, Beyoncé avec Die With You, une chanson dédiée à sa fille Blue Ivy. Comment ne pas évoquer son opportunité incroyable en 2015 où elle se présente comme co-auteure de la chanson Pop de l’année, FourFiveseconds. Réunissant Rihanna, Paul McCartney et Kanye West, tous des figures de leurs genres respectifs. C’est en 2016 que Kirby débute sa grande envolée en solo, en passant du métier de l’ombre au devant de la scène. Une scène qu’elle apprivoise selon ses propres goûts, grandement influencée par la soul, la funk ou encore le jazz. Parmi ces inspirations : Otis Redding, Diana Ross, ou encore Nina Simone. Elle se dévoile comme une artiste moderne qui remet au goût du jour les musiques d’antan tout en leurs rendant hommage.
Son timbre lui permet de surfer sur des compositions diverses avec une voix tantôt douce, tantôt graveleuse. Pouvant aller d’un extrême à l’autre, elle atteint même la tant convoitée voix de sifflet (ou whistle register) que l’on reconnaît chez Ariana Grande ou Mariah Carey. Dans son premier album en 2020 intitulé Sis, où sa voix puissante et son style rétro sont mis en valeur. Il est possible d’y observer ces vocalises d’exception, notamment sur le Morceau Leon, qui démontre un héritage évident au style de Minnie Ripperton.
Impossible de finir cette présentation sans parler d’un de ses plus grands talents à mes yeux. Son phrasé vient cristalliser ses paroles dont le talent d’écriture n’est plus à prouver. Lorsque je l’ai découverte avec son premier single Loved by you, j’avais l’impression qu’une bonne fée était apparue pour me raconter à moi seule, son désir d’être aimée.
Leon Bridge | l’expression parfaite de la Néo Soul
Nous restons dans le sud des Etats-Unis avec ce prochain artiste. Todd Michael, aka Leon Bridge, est né et a grandi dans le large état du Texas. Vous y êtes habitué maintenant, sa carrière débute avec un papier, un stylo et une guitare. Il écrit quelques morceaux à côté de son travail de serveur et les interprète sur diverses scènes ouvertes. En 2014, alors âgé de 25 ans, le label Columbia Records le repère, c’est ainsi que sa grande aventure commence.
À partir de là, sa notoriété monte en flèche. L’auteur-compositeur-interprète aux influences soul et gospel sort son premier album durant l’été 2015, intitulé Coming Home. Ce dernier lui vaudra une nomination comme meilleur album de R&B aux 58e Grammy Awards. Le single éponyme de ce premier album figure parmi le top 10 sur Spotify et sera même utilisé par Apple pour sa publicité présentant l’IPhone 6. Vous vous dites que c’est déjà pas mal ? Comment faire mieux pour un début de carrière ? Jouer devant le président des Etats-Unis à la maison blanche par exemple ? Encore une case cochée par Leon, en février 2016, il se place aux côtés d’artistes comme Demi Lovato et Usher pour un concert en hommage à notre regretté Ray Charles.
Cet artiste est tout simplement doué d’un don incroyable qu’il travaille sans relâche pour nous surprendre à chaque nouveau morceau. Un mélange intelligent de soul et de rhythm and blues qui n’est pas sans rappeler le style de Marvin Gaye ou celui d’Otis Redding. Vous avez sûrement déjà entendu l’un de ces morceaux sans vous en rendre compte, avec le titre River. Il demeure pour ma part, même si c’est un peu cliché, l’une de mes chansons favorites. Leon réussit à imprégner chacune de ses œuvres d’une esthétique musicale différente. Une voix aux mille facettes, à la fois chaleureuse, émouvante et joyeuse. Celle-ci est mise en lumière dans une mosaïque moderne de composition musicale. On y retrouve l’héritage profond de la soul du sud, une envie revivaliste du R&B des années 90 et l’expérimentation de nuance électro.
Ainsi, quand je ferme les yeux, je me vois assise au bord d’une rivière, au beau milieu du Texas avec River ; au cœur d’un bar dans les années 60 avec Coming Home qui émane d’un juke-box au coin de la pièce ; au volant de ma Camaro en arpentant les paysages de la Pacific Coast Highway avec Bad Bad News.
⭐ Bonus
Vous pensiez que j’allais vous abandonner comme ça ? J’ai encore quelques petites pépites en réserve. Vous vous souvenez de Tal ? Oui, je parle bien de celle qui cherchait le sens de la vie. Définissant elle-même son dernier album en 2018 comme un échec, elle décide de prendre un virage à 180 degrés. Elle quitte son label, qui opprimait sa vision et ses valeurs depuis tant d’années et pose ses valises à Londres pour se réinventer.
C’est alors que durant la crise sanitaire, Taloula est née. Une véritable renaissance d’une artiste qui avait mis ses ambitions de côté au profit d’un style généraliste et populaire en France. La belle histoire d’une femme qui se perdait elle-même dans une industrie musicale conservatrice, et qui a su tout envoyé valser en révélant sa propre personnalité, pour cela, je lui tire mon chapeau. Taloula nous délivre des textes et des compositions vulnérables et nostalgiques avec une patte évidente de néo-soul et R&B.