Kafon, ambassadeur du rap tunisien

Kafon

Tout le monde connaît la Tunisie, du moins tout le monde se la représente sans difficulté : du soleil, des palmiers et des dates. Des hôtels trois étoiles où nombre d’Occidentaux vont se prélasser chaque année, sans prendre la peine de mettre le nez dehors. C’est que derrière le business du tourisme de masse et les idées préconçues, la réalité s’avère plus complexe. Ahmed Laabidi, ou plus communément Kafon, chante ce paradoxe en dénonçant entre autres les pratiques du système gouvernemental tunisien. Pauvreté, corruption et conséquences du protectorat français sont quelques un des thèmes abordés par Ahmed. Véritable star dans son pays, il brasse les millions de vues sur YouTube, un des rares tremplins de sa carrière, puisqu’aucun média national n’est autorisé à diffuser ses morceaux. Il suffit qu’un son sorte de sa bouche pour ressentir l’injustice, la colère et la fatigue qu’éprouve un peuple étouffé par un État répressif. Kafon, c’est l’expression même du renouveau et d’un souffle d’espoir auquel le pays aspire. Il chante certes, mais il est également rappeur. Ce genre s’est fortement développé depuis les années 2000 en Tunisie, malgré la censure exercée par l’État (voir l’article de Maura Tarquini sur le sujet en cliquant ici). Il est presque impossible de trouver des informations ou des interviews sur Ahmed autres que sa musique, probablement à cause du gouvernement, mais aussi parce que son rayonnement est principalement interne à la Tunisie.

Nheb Ngalaa est son plus gros tube. Houmani avec Hamzaoui Med Amine, Tititittahh et Gabi Gabi avec G.G.A. sont mes titres préférés. Il y en a pour tous les goûts puisque Kafon est un artiste qui produit régulièrement et nous laisse du choix. Par contre, pour ce qui est des clips, quasiment un par chanson, on passe à un autre niveau, mais dans le mauvais sens. Manque d’originalité, d’esthétique et de direction artistique, ils semblent n’être qu’une représentation littérale des paroles. Cela peut être apprécié lorsqu’on ne parle pas Tunisien, mais c’est tout de même pas très joli à voir. Le jeu d’acteur est très mauvais et la créativité est absente. Il faut bien sûr prendre en compte que la production de clips en Tunisie ne doit pas être en grande forme vu le soutien inexistant de l’État pour ce type de musique. De toute façon la musique est tellement réussie que les clips sont vite oubliés.

Projet après projet Kafon ne se soucie pas des obstacles qu’on peut lui présenter et continue de s’exprimer. Il n’a pas dit son dernier mot et c’est au plus grand plaisir de nos oreilles !