Hier Soir à Paris s’est tenue, malgré multiples contraintes et obstacles, la cinquième édition du Hip Hop Symphonique. Le principe ? Mettre à l’honneur le Hip Hop et ses artistes francophones du moment, le tout avec la participation de l’orchestre philharmonique de Radio France et de The Ice Kream, dans l’auditorium de la Maison de la Radio. Les années précédentes des artistes comme Rim’K, Ninho, Chilla ou SCH, Dosseh ou IAM avaient pu prendre part à ce projet. C’est une véritable rencontre entre deux univers et ça fait toujours son petit effet.
Cette année, le concert n’avait vous vous en doutez aucun public. Les musiciens étaient distanciés et répartis sur la scène de façon à respecter les mesures de sécurité face au virus. Certains étaient même placés en hauteur, sur une sorte de balcon qui surplombait l’orchestre. Ngiraan Fall, animateur au Mouv’, présentait l’évènement accompagné par Emmy. Les deux avaient parfois l’air dans une grande confusion ou une improvisation quasiment totale. Les sous-titres du concert destinés aux sourds et malentendants étaient en décalé, du moins pendant le direct, ce qui nous laissait voir les répliques du duo d’animateurs, à l’avance ! Ça ne leur rendait pas service, et bien souvent ils ne suivaient même pas ce qu’ils devaient dire. Le covid y est très certainement pour quelque chose, puisque le concert a dû se réinventer au dernier moment. En effet, c’est presque un miracle si ce live a pu avoir lieu suite aux annonces gouvernementales, qui auraient bien pu tout annuler.
Je ne sais pas par quelle magie ce projet a été maintenu, mais croyez-moi, ça en valait le coup ! Malgré quelques petits défauts que l’on ne peut reprocher aux organisateurs, compte tenu de la situation, le Hip Hop Symphonique était un sacré cadeau. Le directeur artistique Issam Krimi était présent puisqu’il jouait du piano, aux côtés de Dylan Corlay en tant que chef d’orchestre. Chaque participant portait un masque aux couleurs du concert, excepté M. Corlay, les deux présentateurs et bien entendu les artistes invités, et certains musiciens. Pour cette édition, Meryl, Maes, Soolking, Passi et Lous and the Yakuza faisaient partie de la programmation.
Le concert s’ouvre sur un morceau créé et composé par Issam Krimi, Plus loin l’oubli, qui marque un très joli départ.
Meryl ouvre le bal avec Billets son tout dernier morceau, dédié à sa mère. Son énergie et sa vivacité, sa présence font d’elle une excellente performeuse. On peut presque entendre, sentir ! Le grain de sa voix à travers le micro, et derrière l’autotune dont elle fait bon usage.
S’ensuit la performance de Maes avec Street, sur un ton très agréable et plaisant, mais moins incarné que Meryl. Il semblait quelque peu ailleurs, mais peut-être n’est-ce que mon impression.
Soolking arrive ensuite pour Rockstar 2, une très bonne interprétation sans tellement davantage à dire, surtout comparé à la deuxième qu’il nous offrira en fin de concert.
Passi succède à Soolking, avec plusieurs invités dont je ne saurais malheureusement citer les noms, l’ambiance change du tout au tout et le hip-hop envahit l’espace en deux temps trois mouvements. Les flammes du mal (titre du morceau) ont gagné l’auditorium et embrasent nos écrans !
L’incroyable Lous and the Yakuza enchaine avec le superbe Amigo, sorti tout droit de l’espace, de son tout premier album Gore sorti récemment. Son charme opère instantanément.
Maes revient avec Mémoire, très beau titre qui nous émeut sans trop d’efforts.
On peut ensuite écouter Bisso Na Bisso avec le retour de Passi et des quelques autres interprètes. C’est la même fête que la première fois.
Avant d’accueillir le prochain artiste, on prend un moment pour penser à DJ Duke, un des membres fondateurs du hip-hop français et DJ du groupe mythique Assassin qui nous à quittés vendredi 6 novembre.
C’est avec Dilemme que Lous and the Yakuza nous revient et réenchante la salle. On ne se lasse pas de son aura envoûtante.
Enfin Meryl clôture le tout avec Ah Lala et nous en met plein la vue et les oreilles sur ce morceau qui nous prend directement et joyeusement aux tripes !
Attention ce n’est pas fini !
Se passe ensuite un moment d’une beauté et d’une émotion rares. Le temps s’arrête pour une chanson et rien ne compte plus que cet instant de partage pur et de vérité. J’en fais trop ? Allez écouter ce dont je parle et revenez ensuite pour me le dire. Jamais je n’ai assisté à une chose pareille. Soolking revient sur scène et par je ne sais quel miracle il interprète un de ses morceaux les plus significatifs. Non pas Guerilla, non pas Dalida, non pas Milano, mais Liberté ! Quoi de plus prévisible me direz-vous. Dans une telle période. Certes, mais de loin cet instant était le plus incroyable de tout le spectacle. Personne ne pourra oser dire que Soolking ne sait pas chanter, ce qui pourrait parfois nous venir à l’esprit en pensant encore une fois à l’autotune. Pendant quelques minutes on ne sait plus si l’on est en France ou en Algérie, en Europe ou au Maghreb, sur Terre ou sur Mars. Pour cette performance magnifique, autotune ou pas, cela importe peu. C’était un chant humain, unificateur et bouleversant qui j’espère restera dans les mémoires, d’autant plus que peu de lives de Liberté existent, et surtout, peu de lives comme celui-ci.
11 titres ont été interprétés pendant le concert. C’est passé extrêmement vite ! En effet le show ne dure pas plus qu’une heure. Une demi-heure ou une heure de plus n’auraient pas été de trop à mon goût. Un message de remerciement a été adressé aux soignants et à tous les héros du quotidien qui contribuent à la bataille contre le covid. Le fait que ce concert ait été maintenu est aussi un hommage à la Culture et à la musique plus que jamais mis à mal dans ces rudes conditions. Cela a bien été souligné pendant le concert, par les organisateurs.
Vous pouvez voir ou revoir cette merveille en replay sur YouTube ou le site du Mouv’. Ou tout simplement ci-dessous.