
Crédit : Landon Johnson
Étienne Fletcher est un auteur-compositeur-interprète fransaskois qui trace son chemin entre folk, rock et chanson, avec une sensibilité à fleur de peau. J’ai eu l’occasion d’échanger avec lui quelques semaines avant la sortie de son nouvel album, Kauai O’o. Il y explore la fragilité de l’existence et la beauté qui en émerge, et explique tout cela pour nous lors de cet entretien.
Présente-toi en quelques mots pour les personnes qui ne te connaissent pas.
Je m’appelle Étienne Fletcher, je suis auteur-compositeur-interprète. Je viens de Saskatchewan, des prairies canadiennes à 3600km de Montréal. Actuellement je me promène en France avec un album que j’ai sorti en 2021 et qui s’appelle Entre deux, et maintenant on débute la promo d’un nouveau disque qui sort en mars. C’est une année chargée : on se promène pas mal dans ce coin de l’Europe, en passant par la France mais aussi par la Belgique, la Suisse.
J’aime dire que je fais de la musique populaire, qui touche un peu le folk, le blues, le rock. Ce qui me plaît, c’est conter des histoires, donner du contexte et de la vie à mes chansons tout en laissant parler les textes et la musique. Je me promène en quatuor et on est en tournée jusqu’au 9 février. On a la chance de se faire inviter un peu partout et tout se passe super bien, on est toujours très bien accueillis.
Que s’est-il passe entre la sortie d’Entre deux et la préparation de ton opus à venir, Kauai O’o ?
Il s’est passé quasiment quatre ans ! Je sais que c’est long entre deux albums, mais j’ai été pris par ma vie personnelle, ma vie de famille. Et honnêtement j’ai été touché de voir vivre cet album. Dans ma tête c’était un projet assez personnel, je l’avais sorti en me disant que je devrais sûrement sortir un nouveau disque un an plus tard. Finalement on a fait quasiment 300 shows ces dernières années sur Entre deux et on a pu tourner un peu partout au Canada, puis de faire plusieurs dates en Europe aussi. Donc on peut dire que l’album a reçu un accueil auquel je ne m’attendais pas, entre autres de la part de l’industrie via quelques prix.
Je suis très touché de voir qu’il y a encore de la durée de vie possible pour les albums dans le marché actuel, il n’y a pas besoin de sortir un disque tous les six mois pour être reconnu et trouver son public. Parce que ça, ça peut être démoralisant ! C’est beaucoup de travail de sortir un disque. Mais je ne pense pas que j’attendrai quatre autres années pour sortir le prochain.
Comment décrirais-tu ton nouveau titre Precious company en quelques mots ?
Je pense que c’est une chanson aux airs de rock alternatif, un peu de slow rock. C’est un titre qui parle du fait d’être présent pour ses amis, pour sa famille, de faire attention à eux. Parce que des fois on peut se dire que ça va, mais derrière leur sourire ils peuvent aller moins bien qu’on le pense. Il faut s’assurer de s’entourer de gens qui sont là pour nous si on en a besoin, et inversement.
Pourquoi avoir choisi de parler d’une thématique aussi intime que la santé mentale ? Est-ce que tu voudrais éveiller les consciences avec ce titre ?
Cette chanson est basée sur une expérience que j’ai vécue avec un membre de ma famille, et dans mon groupe l’un des musiciens a eu une histoire similaire avec l’un de ses proches. Parfois, nos vies personnelles et les discussions qu’on aimerait avoir avec le public se mélangent, elles ne sont pas toujours si différentes l’une de l’autre. Au début je pensais que les thèmes que je voulais aborder étaient très personnels, mais finalement les expériences les plus personnelles sont aussi les plus universelles. Du coup c’est très intéressant de voir l’interprétation que chacun peut faire sur la base de son propre vécu.
Quelles ont été les inspirations de ton nouvel album ?
Du point de vue du style musical, j’essaye de garder un son acoustique en utilisant le plus possible de vrais instruments. Par exemple, on a utilisé un vieux piano qui était dans le sous-sol du studio, des guitares acoustiques, des guitares électriques, des vraies voix… On préfère éviter les instruments digitaux.
Par rapport au thème, le fil rouge de Kauai O’o est le questionnement de ce qui nous entoure et la recherche du beau dans le quotidien. On est pas mal bombardés par des sujets lourds, par des nouvelles négatives et pesantes, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les journaux ou même dans les conversation entre amis. Dernièrement, il y a un désespoir qui flotte un peu partout. C’est très bien d’assumer ses sentiments, même lorsqu’ils sont négatifs, mais il ne faut pas oublier de voir la beauté dans la vie.
Pourquoi avoir fait le choix d’un album bilingue ?
La seule chanson en anglais de l’album est Precious company, tout le reste est en français. Mais j’aime toujours garder les deux langues, être bilingue est une part de mon identité. Mon existence se passe tout autant en anglais qu’en français, et c’est important pour moi de représenter ça dans ma musique et dans mes spectables. Mon spectacle est francophone et je parle en français entre les chansons, mais je fais toujours un petit clin d’œil à cette vie entourée d’anglophones.
La langue a-t-elle un impact sur ton processus artistique ?
Au cours de la dernière tournée, quelques personnes m’ont dit que j’ai un changement d’accent selon que je chante en français ou en anglais. Par rapport à la composition, j’aime laisser venir les chansons dans la langue qu’elles veulent : si j’ai une idée de texte en anglais, je ne vais pas me forcer à passer de l’anglais au français, et vice versa. Parfois un couplet peut me venir en français et un autre en anglais, du coup ça fait une chanson bilingue et c’est très bien comme ça !
Pour le moment, l’idée de traduire certaines de mes chansons ne me tente pas trop, même si on m’a déjà soumis l’idée. Peut-être dans le futur, qui sait ? Mais je trouve ça difficile à imaginer, au niveau des tournures de phrases. Ce qui fonctionne dans une langue ne marchera pas forcément dans l’autre. Ça peut demander de l’adaptation, et en adaptant on perd parfois quelque chose.
Quels projets aimerais-tu réaliser après la sortie de ton album ?
Pour l’instant on se concentre sur la tournée : il y a plusieurs dates prévues au Québec, puis des concerts en France cet été et en automne. Mon calendrier se remplit vite, je ne m’y attendais pas ! Mais pour équilibrer les choses j’ai aussi envie de passer du temps en famille, à la maison.
Quel artiste, album ou chanson découvert récemment voudrais-tu recommander ?
En ce moment j’aime beaucoup Oiseau de Bertrand Belin. J’ai découvert ce chanteur il y a quelque temps et je trouve son texte très touchant. Il est simple mais avec beaucoup de profondeur.
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