Beyoncé, en avant-garde ?

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Auteure – compositrice – interprète et actrice américaine, Bey multiplie les casquettes depuis ses débuts en 1996 avec les Destiny’s Child, après une enfance marquée par une indéniable envie de réussir et une grande confiance en son talent. Michèle, Beyoncé et Kelly se produisent tout d’abord dans des salles locales, avant de signer en 1997 chez Columbia Records qui leur ouvre la porte d’une exposition au grand public. Killing Time, bande-originale du cultissime Men In Black, est enregistrée la même année, tandis que le groupe sort son premier album l’année suivante, contenant le tube No, No, No. C’est ainsi que les premiers pas dans l’industrie sont esquissés pour les Destiny’s Child et pour Beyoncé, qui commence à se démarquer et à briller comme la leader incontestée du groupe. Suivront d’énormes succès, dans les années 2000, comme Say My Name ou encore Surviror, poussant les filles au rang d’icônes du R’nb.

En juin 2003, suite à la prise d’envol de Michèle Williams et Kelly Rowland en solo, Bey fait de même et sort Dangerously In Love. Contenant les monumentales Crazy In Love et Baby Boy, il se placera d’entrée à la première place du Billboard 200, commercialisé à 317 000 exemplaires et certifié quadruple disque de platine. La collaboration avec Jay-Z commencera ainsi, qui la prendra sous son aile à la manière d’un René Angélil avec la jeune Céline Dion.

En 2004, les Destiny’s Child se reforment pour la dernière fois et sortent Destiny Fulfilled, faisant notamment émerger les succès Soldier et Lose My Breath. Une tournée mondiale et une compilation suivront, comme un dernier adieu à une carrière en groupe dont Beyoncé avait besoin de s’affranchir.

Beyoncé fera ses premiers pas au cinéma en 2006 avec La Panthère Rose en interprétant le rôle de Xania, pop star internationale. Fin 2015, elle décrochera un rôle inspiré par Diana Ross, dans Dreamgirls, adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway et enregistrera plusieurs chansons à cette occasion. Fortement influencée par cette expérience, elle sortira B’Day, comportant les mythique Deja Vu en duo avec Jay-Z et Irreplaceable.

En 2008, Beyoncé sort son troisième album studio, I Am… Sasha Fierce auquel l’on doit entre autres les tubes planétaires If I Were A Boy, Halo et Single Ladies et venant confirmer le statut de “queen” de l’artiste. Elle évoquera Sasha Fierce comme la personne dont elle adopte l’apparence lorsqu’elle est sur scène, avant d’annoncer sa mort en 2010 et son accord assumé avec elle-même. Elle jouera également en 2009 dans le film Cadillac Records, rôle dont l’interprétation sera vivement saluée par la critique.

Le quatrième opus de Beyoncé, 4, sortira en 2011, avec entre autres Run The World (Girls) ou encore Best Thing I Never Had. Elle annoncera attendre son premier enfant lors des MTV Video Music Awards en 2011, engendrant la publication de 8868 tweets à la seconde sur Twitter, record mondial historique.

L’album éponyme BEYONCÉ sort en 2013 avec les énormes tubes Drunk In Love avec Jay-Z, Pretty Hurts, ou encore XO. À la surprise générale aux Grammy Awards, elle ne remportera pas le prix de l’album de l’année, choix critiqué par le public et par certains de ses collègues artistes…

La sortie surprise de Lemonade en 2016 fera l’effet d’une bombe avec notamment le dévoilement des singles Formation ou encore Sorry. Beyoncé s’y veut mystique, engagée, avec notamment de nombreuses références à la cause afro-Américaine et féministe. Elle affirme son style et s’impose comme la reine de la pop, costume dans lequel elle se trouve tant encensée que critiquée… Aussi, la cérémonie des Grammy Awards 2017 consacrera Adèle pour l’album de l’année, laissant une nouvelle fois Queen B sur le carreau, à la stupéfaction générale. La chanteuse britannique s’excusera même de sa victoire, situation assez insolite. Peut-être l’an prochain, qui sait ?

Appartenance à la franc-maçonnerie, fausse grossesse, reptilienne… Les fantasmes et les rumeurs les plus folles courent sur la star qui se plait à alimenter une aura mystique autour de sa vie et de ses apparitions. Une chose est certaine : elle n’hésite pas à revendiquer son engagement pour la cause des Afro-Américains, mais aussi pour l’épanouissement des femmes. Si ce dernier combat est mené avec brio, le premier garde des zones d’ombres… En effet, il pourrait sembler que cet engagement de Beyoncé soit purement commercial, puisque l’entière communication de son album Lemonade était basé sur le mouvement Black Lives Matter… Pour preuve, son interprétation au Superbowl 2016, énorme coup marketing bien plus qu’acte citoyen. Si l’initiative reste à saluer, les motivations, elles, peuvent être floues.

Élevée au rang de déesse dans l’industrie musicale, Beyoncé tente, c’est indéniable, de nouvelles sonorités, une nouvelle approche musicale. Sur Sorry, sorti en 2016, le quart du morceau est du “parlé”, venant d’une voix presque surnaturelle, mystique, revancharde et profonde. Nous pouvons voir qu’elle ne se complait pas à sortir des singles restant dans sa zone de confort, mais aime à tenter de nouvelles réalisations quitte à s’éloigner quelque peu de ce qui a fait son succès. Bien qu’il puisse arriver de ne pas parvenir à la suivre sur ces tentatives, il est nécessaire de saluer son audace, sa créativité, et sa volonté de faire évoluer le genre musical. Cela se remarque également au niveau de son style ; terminé les looks simples de starlette du R’nb… Beyoncé affiche dorénavant un look plus recherché, travaillé, influencé par diverses périodes historiques et puisant parfois même son inspiration dans l’art.

Beyoncé n’est ainsi jamais à court d’idées pour faire l’actualité, marquer, choquer, ou encore faire réfléchir. Son statut de diva, pérennisé avec les années, lui offre le confort de mener à bien des projets inédits, assumés, avant-gardistes, tout en gardant en ligne de mire une nécessité : faire de son image une réelle marque. De ce concept à la réalité, il n’y a qu’un pas puisque la star lancera en 2016 sa marque d’équipement sportif plutôt onéreux – 100 euros le sweat – Ivy Park, ne reposant que sur un gage de prestige : son nom. On achète l’image de marque, et j’y ai même succombé, c’est dire, je peux me vanter aujourd’hui d’avoir mon pull griffé Beyoncé. Car après tout, aussi mystique, sombre, et en même temps populaire que l’artiste soit, elle n’en reste pas moins une icône, non ?!