Lana Del Rey, le rayon de soleil musical de Californie

Lana Del Rey, The Weeknd 2016

Elle a sorti cette année Norman Fucking Rockwell! ( NFR!), son cinquième album studio en moins de dix ans.

Aujourd’hui, Lana Del Rey s’impose comme une des artistes internationales les plus influentes. Sa musique reconnaissable entre mille, emprunte à l’esprit des années 50 à 70 aux États-Unis et plus précisément à la Californie bien qu’elle soit née à New York. Sa voix grave, parfois rauque, parfois aigüe chante des textes pour la plupart de sa propre plume. Une profonde mélancolie, nostalgie d’une époque révolue ressort de ses morceaux.

Ses deux premiers albums Born To Die et Ultraviolence en sont imbibés. Ses sujets de prédilection sont l’amour et la mort. Tailleurs pastels, trait d’eye-liner, choucroute à la Brigitte Bardot, la jeune chanteuse reproduit à la perfection le style des 60’s. Dès son premier projet, son univers est mis en place dans les moindres détails. Apparence, timbre, clips, pochette de disque, Lana sort même ses albums en vinyles. Elle est l’égérie d’une campagne pour la marque de prêt-à-porter H & M en 2012, forte du succès phénoménal de Born to Die.

Lorsque Video Games est posté sur YouTube, il y a presque huit ans de cela, lors de la sortie de son premier album, la vidéo fait le buzz. Personne n’avait jamais entendu ni vu quelque chose de pareil. Avant cet évènement Lana traverse toutes sortes d’épreuves et sort deux albums sous un autre nom de scène. À tendance dépressive, voire suicidaire, elle lutte contre elle-même et les autres pour gravir le sommet qu’elle a atteint présentement. Au fil des albums sa perception du monde et de la vie change. À l’occasion de la sortie de Lust for Life en 2017, elle dit dans une interview pour le média Complex qu’elle a appris de ses erreurs au niveau sentimental et qu’elle fait de son mieux pour éviter les relations toxiques, sujet récurrent de ses morceaux jusque là. Elle confie qu’elle a créé cet album avec ses amis proches, qui lui ont appris à aborder la vie de manière plus positive, ce qui peut faire écho au titre de l’opus qui signifie plus ou moins « la passion de vivre » ou « la soif de vivre ». On peut aussi faire un parallèle avec La fureur de vivre, film emblématique dont l’acteur principal James Dean, est une figure glamour et tragique des années 50, en totale adéquation avec le personnage de Lana Del Rey, inspiré de la personnalité de la jeune femme.

Le style vintage de l’ensemble de ses titres rendent les collaborations avec d’autres artistes moins évidentes c’est pourquoi il faudra attendre trois albums avant de pouvoir en écouter. Lust for Life en comporte cinq avec entre autres le rappeur Asap Rocky, Stevie Nicks, The Weeknd (image ci-dessous) et Sean Ono Lennon. Depuis cet album très bien accueilli, Lana Del Rey semble s’ouvrir toujours plus à son public et à elle-même. Elle arbore en couverture un sourire éclatant, ce qu’on ne lui avait jamais vu auparavant, et ses morceaux concordent avec ce nouvel état d’esprit. Cela n’empêche pas la touche vintage d’être au rendez-vous et à l’atmosphère Lana Del Rey de se perpétuer.

Lana Del Rey, The Weeknd 2016

Pour NFR! dont le titre est tiré du nom de Norman Rockwell un célèbre peintre et illustrateur américain du XXe siècle très engagé, la magie opère toujours. C’est comme retourner sur un lieu familier après un long voyage. On y retrouve le même confort tout en remarquant des changements qu’une vision nouvelle sur ce lieu nous apporte. Cet album est essentiellement inspiré par la Californie, plus encore que les précédents. On y découvre des influences de la pop culture, auparavant moins mise en avant par la chanteuse. C’est un opus qui ne contient aucun featuring, ce qui nous recentre sur Lana au maximum. Les morceaux sont plus longs et les textes plus travaillés, plus prosaïques. Il y a de couleur, de la liberté et de la légèreté.

Malgré le fait que je trouve que chacun de ses projets soit réussi à leur manière, je choisirais Honeymoon si je devais en retenir uniquement un. C’est un album très logique, cohérent, plein de douceur. À l’écoute j’ai l’impression de vivre une journée de canicule sur la côte californienne au milieu des palmiers, des surfeurs et des décapotables, tout cela bien sûr dans les 60’s. Une certaine piété, une certaine foi sont également présentes offrant une dimension encore plus onirique à l’album dans sa totalité. Les trois meilleurs morceaux sont sans aucun doute Freak, Blackest Day et 24. Freak nous immisce dans une romance aux allures de film d’horreur étrangement envoûtante, tandis que Blackest Day nous plonge dans une léthargie pesante en attendant le retour probablement vain d’un amour passionné. Pour finir, 24 est une jolie ballade insistant sur l’importance du présent lorsqu’on est amoureux.

Rassemblant à ce jour une communauté de fans de plusieurs millions de personnes Lana est ancrée dans la culture des États-Unis, tout en bénéficiant d’une renommée mondiale. Son succès lui permet d’élargir ses horizons en participant par exemple à la composition de morceaux pour des bandes originales de films avec le très beau titre The Season of the Witch pour l’équivalent cinématographique de Blanche Neige aux USA, ou plus récemment avec Don’t Call Me Angel pour la sortie prochaine de Charlie’s Angels, une série de films d’action au casting exclusivement féminin, aux côtés des chanteuses Miley Cyrus et Ariana Grande.

Primée aux Brit ou aux MTV Awards, Lana est une artiste accomplie, dont on attend plus grand-chose tant elle a fait ses preuves. Elle possède sa propre étoile sur sol du mythique Walk of Fame d’Hollywood Boulevard et son piédestal ne cesse de grandir. Plus sa carrière évolue plus elle semble viser juste et s’en aguerrir !

Lana Del Rey 2019