« Little Hammam ». Le Hammam, un lieu secret, commun, public. Mis à nu, on y est tant confronté à l’autre que l’on ne se voit plus que soi-même. Pourtant c’est bien l’ouverture que prône le groupe Temenik Electric depuis ses débuts en 2010. L’ouverture par la musique, comme si elle nous sortait d’une pièce obscure où l’on ne distinguerai plus rien, tant notre vision serait troublée, obstruée, atteignant petit à petit nos pensées. Le contact, la différence, le métissage, le mélange, tant de forces, d’atouts et de moyens qu’on traine si souvent dans la boue au point d’en oublier leurs couleurs. Trop nombreux sont ceux qui transforment la réalité, le concret ou l’humain en catégories … Faute de compréhension.
Justement, des catégories, Little Hammam en présente de nouvelles. D’autres cases que celles qui existent déjà, comme la beauté, l’harmonie ou les émotions, dans lesquelles chacun peut se reconnaître, quelque soit son apparence, son genre, son rang ou son appartenance à je ne sais quel groupe ou religion. Ici il n’est plus question de ça.
Seule les morceaux parlent et font jaillir les émotions, les mélanges. Arabian-rock, électro, classique, traditionnel, français, anglais, c’est la rencontre de l’ancien et de l’actuel, cassant toute temporalité et s’inscrivant pourtant dans une époque bien précise : la notre.
Après « Ouesh Hada ? » en 2013 et « Inch’Allah Baby » en 2015, c’est au tour de Little Hammam de nous être délivré, ce 4 février 2022. 11 titres, et presque autant de merveilles à l’oreille. Orchestré par Florent Sallen à la batterie, Fred Alvernhe aux machines, Christophe Isselée à la guitare et à l’oud, sans oublier le co-fondateur et bassiste, Jérôme Bernaudon.
Dans chaque chanson l’équilibre est maintenu. De l’esprit rock, oriental, des instruments de tous bords, entre douceur et vivacité, profondeur et légèreté. Parfois, nous prenant par surprise quelques voix féminines s’ajoutent à la voix du chanteur principal Mehdi Haddjeri qui mène également le groupe. Le français et l’arabe sont les maîtres du jeu dans cet opus vibrant de vitalité et de sonorités qui sembleront lointaines pour certains, si familières pour d’autres, mais plaisantes, apaisantes, pour tous.
Des horizons opposés et à la fois avec tant de choses en commun, ça nous réconcilie avec nous-mêmes. Mon top trois de l’album : « Sit’N Goulek », « Chevalier » et « Manich Maleik ». Little Hammam est une belle découverte qui j’espère vous fera écho.