Les paroles. Elles pourraient paraître secondaires dans ce projet, mais non, Moha y tient, et les a toutes transcrites pour qu’elles soient disponibles sur le Net, en même temps que la date de sortie de son 1er album, « Euphoria », le 21 janvier 2022.
Moha MMZ concrétise la lancée de son chemin en solo, après avoir fait partie du groupe MMZ avec Lazer de 2016 à 2019, qui est aujourd’hui en suspend.
Dans ce tout premier album, il y a des ambiances, des émotions, chaque son est délimité, très expressif, et nous immerge dans le monde de l’auteur. Pour moi, ces textes ne sont qu’une extension de ce que Moha nous présente, de ce qu’il communique. Il y a tant de jeux de voix, de bruitages, d’atmosphères, de mélodies, d’effets … Les mots ici ne servent qu’à accentuer la musicalité des morceaux, par des figures de styles, ou tout simplement de part la consonance des lettres assemblées. Leur sens, les histoires qu’ils racontent comptent mais viennent après le reste.
C’est un premier album fort, dans ce qu’il dégage et beau, dans ce qu’il nous fait imaginer, lointain, dans la destination qu’il nous suggère. Des 14 titres, mes préférés sont « Omerta », « 0.9 », « Bug », « Cauchemar », « Doré », « Galères » et « Fame ». Seul deux featurings sont sur la tracklist, avec Zed et DTF, ce qui confirme l’aspect signature de ce projet.
Moha se confie, dessine pour nous son parcours, ses mésaventures, les changements qui opèrent dans sa vie, celle d’avant et celle de maintenant. Passé et présent se confondent, seul l’humain et sa sensibilité ressortent. On retrouve une aisance à passer du rap au chant, technique qui lui semble particulièrement naturelle. MMZ en faisait sa recette mais cette fois c’est différent, on a affaire à un autre artiste, à un autre contexte, une autre époque, un nouvel opus, tout est à reconsidérer. Le ressenti général après l’écoute d’Euphoria se fait très novateur. Par contre le titre de l’album ne me semble pas évocateur du contenu. A moins que ce ne soit une euphorie, une sensation de joie intense, au point qu’elle empiète sur toutes les autres, les rendant toutes floues, jouant avec leurs limites, en laissant un rendu très hétérogène, peu cohérent, mais doux, mélancolique.
On ne peut s’empêcher de trouver une légère influence de PNL dans l’atmosphère globale de l’album. Ce n’est ni positif, ni négatif, c’est là c’est tout. Ca n’empêche pas le coté personnel d’être présent. C’est comme si on voyait l’intérieur de Moha au rayon lazer, sans pouvoir non plus déchiffrer ses codes, ses secrets. On s’introduit dans son organisme sans en trouver la clé, puisqu’elle est bien protégée, et que de toute façon ce n’est pas une fin en soi. Ce qui compte c’est ce qu’il nous partage et comment il nous atteint. Euphoria est un très bon album, qui fait éclater au grand jour ce que Moha n’aurait pas eu l’occasion de dévoiler dans un duo où l’on doit tout faire en prenant l’autre membre en compte, en pensant collectif. Ici, Moha s’amuse, et met à plat toutes ses idées les plus anciennes et les plus actuelles, il se donne autant qu’il le peut, qu’il l’a souhaité et se permet d’aller dans des directions qu’il n’aurait pas pu prendre en duo, par respect envers Lazer et envers MMZ. C’est probablement ce qui explique sa décision de continuer en solo, au moins pour un temps, pour voir, essayer, ne pas regretter.
Ca n’exclue rien pour plus tard, un retour du groupe, un éclat en solo, une reconversion, on ne sait pas et on ne saura pas. Mais là, tout de suite, on est sûrs d’une chose : on peut constater et apprécier la maturité du projet, et sa qualité. Ce n’est pas un album que l’on pourrait classer au sommet d’une quelconque pyramide des meilleurs albums de ceci ou cela mais c’est un album sincère, spatial et oh combien plaisant ! Bonne écoute.