Egypt Station : Escale réussie pour Paul McCartney

Paul McCartney

Un concentré de joie, de nostalgie et d’amour ! C’est ainsi que Paul McCartney signe son retour au terme d’un été au cours duquel il a su nous mettre en appétit. Tout a commencé en juin dernier lorsque l’artiste a dévoilé deux nouveaux titres : I Don’t Know et Come On To Me. Tout s’est enchaîné en août, avec la découverte de Fuh You. Nous étions plus que jamais curieux de la suite quand tout s’est précipité, après l’annonce de la tournée Freshen Up (en France le 28 Novembre à l’U Arena de La Défense) et la sortie de l’album, le 7 Septembre. Il s’appelle Egypt Station et alterne entre balades et morceaux rock qui portent l’empreinte McCartney.

Macca ouvre son 17ème album solo avec Opening Station : un mix de bruits de gare et de sons qu’on pourrait qualifier de liturgiques… C’est à la fois lointain et d’une entêtante présence. Simple et réussi, parce qu’un rien mystérieux et inattendu.

Un voyage mélodieux

Passée cette mise en bouche, s’enchainent des balades jouées tantôt au piano, tantôt à la guitare… Coup de cœur perso et immédiat pour trois chansons : outre I Don’t Know (découverte cet été), il s’agit de Confidante et Happy With You. La dernière évoque inévitablement Linda McCartney et nous gratifie d’une mélodie qui rappelle Early Days, de son album précédent (New, sorti en 2013). Trois notes, deux syllabes, une mesure, bref, un rien suffit à identifier le style et la voix de Paul, son timbre toujours reconnaissable même s’il a évolué, celui qui parvient à faire le charme sans cesse renouvelé de ces chansons débarrassées de nouvelles technologies.

A contrario, Despite Repeated Warnings et Hunt You Down/Naked/C-Link n’y échappent pas : sur ces morceaux, on perçoit l’écho robotique de la voix de McCartney. On distingue également des instruments moins classiques et spécifiques aux nouvelles générations. Ils semblent « customisés », comme trafiqués à l’ordinateur.

La variété des sonorités nous renvoie immanquablement à la case Beatles. Tout ou presque, chez Paul, nous rappelle l’époque bénie du plus grand des groupes. Vous pouvez prendre n’importe lequel des titres de l’album et parier qu’il aurait trouvé sa place dans la discographie en 12 volumes.
Deux exemples.
D’abord, Despite Repeated Warnings… Sa structure rappelle le collage de ce qui est considéré comme le meilleur album du quatuor, Sergent Peppers’ Lonely Heart Club Band. Il s’agit bien de A Day In The Life. Sauf que John n’est plus là…
Ensuite Hunt You Down/Naked/C-Link… Son équivalent « Beatlesien » pourrait se trouver sur Abbey Road parmi les deux emboitements de la face B : Golden Slumbers/Carry That Weight/The End et You Never Give Me Your Money/Sun King/ Mean Mr Mustard/Polythene Pam/ She Came In Through the Bathroom Window.

La touche du songwriter

Chez Paul McCartney on loue le musicien. On célèbre aussi le parolier. Il nous parle d’amour, mais pas que… People Want Peace est une ode à la paix. Le titre fait office de refrain. Chanté à cœur ouvert, il évoque le slogan d’une manif. Dans les années 60, la majorité des artistes nous parlaient de drogue et de sexe. A cette époque, s’en est substituée une autre où le plus important être devenu l’état d’urgence dans lequel se trouve le monde. Roger Waters et U2 font dans ce registre. Macca aussi : Despite Repeated Warnings pointe les politiciens, notamment Trump, et tous ceux qui estiment que le changement climatique n’est qu’une blague.

Egypt Station est à l’image de son auteur : sage et audacieux, instrumentalement varié, et, vous ne pourrez pas dire le contraire après avoir entendu Come On To Me, Dominoes ou Ceasar Rock, délicieusement parfumé à quelque chose d’indémodable : le style Beatles.