Live Report : PNL et la rediffusion sur Netflix de leur concert mythique à Paris Bercy en 2017

PNL 2020

PNL. Un groupe inqualifiable tant il est sensationnel. Incompris ou réduit à du blabla incompréhensible par certains, adulé par d’autres, le duo se forme en 2014. Ademo et N.O.S sont frères. Français, d’origine corse et algérienne, leur vie, leur famille et leur enfance, sont des éléments récurrents dans leurs textes. En plus de la force et de la magie de leur musique qui fait l’effet d’un lâcher-prise total, qui est d’une puissance et d’une profondeur rares, leur image est minutieusement travaillée. PNL ce ne sont pas que du muscle et des lunettes de soleil. Ils ont une présence, une aura qui transparaît jusque dans leurs clips. Tournés aux quatre coins du monde, la plupart d’entre eux se veulent à inspiration cinématographique. Kim Chapiron le réalisateur de Sheitan ou Dog Pound fait partie des réalisateurs du clip de A l’Ammoniaque (ci-dessous) qui a d’ailleurs été tourné sur la Tour Eiffel.

C’est facile en se fiant à la surface, de se dire que PNL n’est qu’un énième groupe de rap superficiel, prétendant faire de la musique alors qu’il ne sort de leur bouche qu’un charabia autotuné. Pour ceux en tout cas qui ne sont pas sensibles à ce qu’ils font, ou qui n’ont jamais écouté leur musique ou encore qui s’arrêtent sur les préjugés du rap game les plus faciles et surtout les plus stupides. Certes le rap ne plaît pas à tout le monde, et le style de PNL peut en rendre certains imperméables au travail des deux frères. Mais c’est justement parce qu’il est inaccessible que ça en devient subtil ! Soit ça vous saisit comme si la foudre s’abattait sur vous et que le tonnerre vous en remettait une couche, soit vous devez réécoutez à plusieurs reprises pour réellement déverrouiller la porte qu’ils vous ont crée et à attraper la clef qui vous permettra de l’ouvrir. Et quel monde derrière cette porte ! Paradis ? Enfer ? Les deux ? Peu importe, c’est un voyage collectif, long et transcendant dont vous aurez du mal à revenir tant ça vous chamboule. Une autre dimension, c’est tout à fait comme ça que pour ma part je perçois leur musique.

A l’écoute de leurs disques, l’excitation est d’autant plus grande qu’Ademo et N.O.S entretiennent le mystère. Trois albums et pas un seul feat. Une stratégie de communication basée sur la quasi-inexistence du duo. Presque aucune interview disponible, très peu de mise en avant de leur part. Ils sortent un album, font leurs tournées, deux trois posts sur Instagram, puis plus rien, jusqu’au prochain projet. Et ça fonctionne. Des millions de fans, des stades remplis, des tonnes de disques vendus ou de sons téléchargés. C’est aussi difficile de se faire une idée de qui ils sont, comment ils sont, qu’est-ce qu’ils pensent et surtout de détacher leurs paroles, leur identité d’Ademo et N.O.S, de celle de Tarik et Nabil.

Malgré leur choix de discrétion, PNL soigne son univers visuel dans les moindres détails. Pochettes, vinyles, merchandising, clips, concerts, tout y est. Ils ont d’ailleurs sorti des clips sous forme de films -si cette phrase fait sens. Par exemple les morceaux Naha (partie I), Onizuka (partie II) et Jusqu’au dernier gramme (partie finale)de l’album Dans La Légende.

Leurs morceaux et leur univers peuvent paraître planants, fascinants, époustouflants, magnifiques, mais également grossiers, menaçants et surtout beaucoup trop abstraits si on se place à un certain angle. De l’émotion pure. Qui pourrait être interprétée de façon à faire du groupe des personnes à l’image de leur musique : étranges, mystérieux, froids, amers … Si l’on prend le côté obscur de leurs compositions. Je dois dire que lorsque j’ai pris mes billets pour mon premier concert de PNL il y a quelques mois j’appréhendais quelque peu l’événement par peur de débordements possibles dus à une ambiance trop électrique, trop passionnée. J’avais l’impression qu’il y avait autant de chances que j’assiste à un concert mémorable, que de risques que ce concert si mémorable soit-il, se passe dans une foule survoltée, ce que je préfère éviter.

C’est là qu’entre en jeu le Covid-19. Désolé pour ce brusque rappel à la réalité. Mais oui, virus arrivé, concert reporté, immense frustration installée. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’apprends il y a quelques jours que le concert aura bien lieu. Non pas à l’Accord Hotel Arena, mais sur Netflix, à 20h, le dimanche 5 juillet 2020, pour compenser avec les dégâts causés par le virus. La rediffusion du concert de l’Accord Hotel Arena à Paris (anciennement Bercy), lors du Dans La Légende Tour en 2017, en plus du report du véritable concert en février 2021. À part le fait que ce concert ne compense que pour ceux qui ont un compte Netflix, ce que je déplore, ce cadeau est une bénédiction, si je puis dire.

Dès les premières minutes de l’enregistrement, je comprends. Deux hommes au centre, dans la pénombre, face à une marée de lumières, de laquelle s’échappe une espèce de souffle, à l’adresse de la scène. Même derrière un écran on peut ressentir l’amour, l’alchimie, la présence de chaque personne sur scène ou dans le public, et l’énergie qui s’en dégage. Pas d’agressivité, pas de mouvement de foule, pas de risque d’étouffement ou de piétinement. Un pur instant de partage et d’échange qui se transforme selon le morceau chanté, rappé, scandé par toute la foule. Jusqu’au dernier gramme, Béné, Da (clip ci-dessous), La vie est belle, Onizuka, Le Monde ou rien, et d’autres titres encore … Jamais je n’ai eu plus envie de traverser l’écran qu’à cet instant. Les deux frères, honorés et totalement bienveillants, offrent une performance inoubliable. Chacun est la pour profiter et ça se sent, la gratitude, la reconnaissance, la fierté et bien sûr la joie du duo est palpable. Les décors, les lumières sont là, mais au fond on ne les remarque presque pas tant on se fond dedans. C’est l’osmose. La chaleur humaine transpire de partout.

Vous l’aurez compris ce concert qui est toujours disponible sur Netflix (je ne sais pour combien de temps) est une merveille. Cependant je ne le conseillerais pas à ceux qui n’ont pas déjà écouté et mémorisé au moins quelques morceaux du groupe, car ça pourrait ne pas être apprécié à sa juste valeur. Après bien entendu cela dépendra des personnes donc faites comme vous le sentez. Avant de vous terminer cet article, une petite précision, PNL pour ceux qui se demandent, signifie Peace & Lovés autrement dit « paix et argent ». A interpréter à votre guise !

Je ne peux pas vous laisser sans vous parler de leur dernier projet intitulé Deux Frères sorti en avril 2019. Par trois fois certifié de platine et plus de 450 millions d’exemplaires cumulés au total toutes ventes confondues. Mais au-delà des chiffres, je vous conseille Chang, Shenmue, Zoulou Tchaing, La misère est si belle, Capuche et Frontières, si je devais vous faire une sélection. Et pour la petite anecdote, pour vous donner une idée de l’ampleur de leur influence à l’international, aussi bancale que soit la source de cette information, le grand Drake (rappeur américain superstar) se serait vu refuser un cover d’un des morceaux du groupe. Sur ce détail final et croustillant qui fait tout son sens, bonne écoute, bon voyage et rendez-vous rapidement je l’espère en concert avec PNL !

PNL 2020