Laisse tomber, le nouveau titre de Koba LaD

Koba LaD 2020

Jeune rappeur de 20 ans, dévoilé au public et connu pour ses morceaux Train de Vie ou La C en 2018 et par ses freestyles #Ténébreux en 2017, Koba LaD fait aujourd’hui partie des nouveaux piliers du rap français. Son flow et son phrasé très particuliers le démarquent nettement des autres, bien que les thèmes de ses morceaux et son histoire ressemblent à celles de bon nombre de rappeurs, à ceci près que Koba a vu sa carrière exploser à l’âge de 17 ans, ce qui reste rare.

Fort de deux albums studio et d’un EP, sa lancée est plus qu’amorcée. Il est très suivi par ses fans et compte déjà de nombreux featurings avec des grands du rap tels que Maes, Niska ou encore SCH. Il rappe comme il respire, bien que cette aisance et ce naturel soient le fruit de plusieurs années de travail. La plupart de ses clips, bien que je doute que ça vienne entièrement de lui, sont très travaillés, fouillés conceptuels, et beaux à regarder. Je pense par exemple à Train de Vie, Cellophané ou La C et plus récemment Ca ira mieux demain.

Ce vendredi Koba sort Laisse tomber, un titre peu original dans sa technique dans le sens où il fait ce qu’il sait faire, comme il en a l’habitude, bref, il reste dans sa zone de confort. C’est du Koba LaD, mais encore une fois sans avoir besoin de se renouveler, il frappe fort. Et s’il n’innove pas dans son parlé, il le fait dans sa présentation. Fini les dreadlocks et les lunettes, on découvre le rappeur sous un nouveau jour, comme si une étape avait été franchie et qu’il arrive à un niveau supérieur dans son image, du moins le temps de ce clip. Il paraît plus mature, plus grandi, en revanche son côté torturé ou du moins « ténébreux » est toujours présent comme à l’époque des freestyles qui l’ont révélé, Koba avance mais ne change pas, il évolue.

Une ombre pèse sur les paroles. Le texte et le flow sont divisés en deux parties. La première moitié est douce alors que l’autre est plus agressive et on sent que Koba se lâche plus dans son interprétation, ça devient plus humain, plus libre. Il se souvient de son passé lourd en péripéties et en épreuves, des blessures physiques et des autres que l’on ne voit pas, que l’on ne montre pas, mais que l’on ressent. C’est comme si Koba se livrait sur le changement qui a opéré dans sa vie, entre sa période de galère et de lutte pour percer, s’en sortir, et entre le moment ou ça arrive. La vie change, mais les problèmes restent. Ceux qui ne sont plus là aujourd’hui, les traîtres, la pression, l’argent, la drogue, la célébrité, aucun espoir ne ressort du morceau ou du clip. Et parfois ça fait du bien. Même dans les moments douloureux.

Le clip réalisé par Marius Gonzalez montre très bien la solitude sous les lumières de la foule et l’obscurité dans laquelle la vie nous fait parfois plonger, même si on a atteint le sommet. Les plans dans une dominante floutée et sombre nous immergent totalement dans l’atmosphère du son, l’accentuent. On voit un Koba plus vulnérable, plus menacé, mais on voit aussi quelqu’un qui s’endurcit, et qui au fur et à mesure du temps se retrouve encore une fois face à la réalité. Aussi dure soit-elle, peu importe notre situation ou notre âge.

Koba surmonte les obstacles qu’il rencontre, mais il n’est pas seulement celui qui subît. Il est aussi parfois celui qui cause le malheur ou qui provoque les inconvenances. Il n’est pas parfait et il le sait. Je trouve que c’est ce qui ressort aussi, dans ce clip et ce titre en particulier. Implicitement. Le succès y joue très certainement une part surtout lorsqu’on l’atteint si jeune. On peut par exemple penser aux polémiques dont il a fait l’objet il y a quelques mois. Évidemment c’est d’abord un titre sur le fait de saturer face aux poids des problèmes du quotidien ou sur un temps plus long, mais ce que j’aime chez Koba LaD et particulièrement dans ce titre c’est tout ce qu’il dégage et au-delà de tous les clichés du rap, du rappeur, et de l’industrie du rap que l’on pourrait lui accoler, il reste d’une certaine manière, voulue ou non je n’en sais rien, très terre à terre, transparent, authentique. Une vérité et une honnêteté ressortent de beaucoup de ses titres.

En tout cas Koba LaD nous réserve encore bien des choses. Pour l’instant aucun projet ni aucune date ne sont annoncés dans un futur proche. À en croire son âge et sa détermination, il ne demande qu’à nous resservir de sa musique et personnellement, je suis impatiente de voir où il veut nous emmener et surtout d’écouter ce qu’il a à nous offrir !