Ce n’est pas n’importe quelle sortie. Toujours nous-mêmes (TNM), le tout nouvel album du rappeur Hornet La Frappe est disponible depuis ce vendredi. Il fait écho à Nous-mêmes (NM). Ce qui est différent, lors de la conception de ce projet par rapport aux précédents, c’est qu’il marque le début d’une carrière réelle qui commence en 2017. La fin d’un entrainement, d’une « formation » comme le dit lui-même Hornet dans une interview pour Générations lors de la promo du projet. C’est du rap travaillé du soir au matin. De l’écriture à la production, au visuel, à la promotion. Du rap pensé avec un objectif, mais le plus important : construit avec expérience et dévotion. Pour lui le rap n’est ni un passe temps, ni une tâche prise à la légère. Il entame une nouvelle étape avec cet album. Et pas des moindres.
C’est pourquoi TNM est un album si singulier. Sur la pochette fédératrice de NM signée Fifou, on peut voir Hornet de dos, la tête tournée vers nous, face à un bâtiment, décoré de drapeaux de tous horizons. C’est un rappel à la diversité qu’il connaît depuis petit et une façon de représenter ceux qui lui sont chers, qui l’épaulent au quotidien. Tout en adressant un message de respect et d’unité envers toutes les nationalités.
Fifou est de nouveau de la partie pour cet opus. Cette fois-ci, on retrouve le rappeur au sommet d’un immeuble, exécutant sa pose caractéristique, main droite couvrant la bouche, l’autre tendue vers le ciel, entouré cette fois ci de ses plus proches collaborateurs. Les drapeaux sont là, on sent que quelque chose a changé par rapport à l’autre album, qu’une évolution a opéré. Le temps est passé, l’argent et la célébrité sont très certainement plus conséquents mais Hornet et les siens sont restés fidèles à eux-mêmes.
Kedaba et Maison d’arrêt avec Maes sont les deux singles promotionnels de TNM. J’ai trouvé Kedaba absolument incroyable. Des influences orientales très assumées, sans s’éloigner du rap français, un son entêtant et mélodieux, qui pourrait je pense, plaire au plus grand nombre. A la vue du clip, on ne peut s’empêcher de penser à Dark Horse de Katy Perry et Juicy J. Un trône, une reine, des prétendants, beaucoup de points communs, c’est inattendu mais pas désagréable et plutôt bien tourné.
Maison d’arrêt est remarquable. J’ai envie de dire jolie chanson, mais ça ne correspond pas vraiment à ce qu’on entend. Ca s’écoute sans effort et on le met en boucle sans s’en lasser. Les deux rappeurs se sont accordés à merveille.
En parcourant les anciens morceaux de Hornet, je suis agréablement surprise, moi qui ne connaissait que quelques uns de ses titres les plus connus, je retrouve à travers mes écoutes, une identité musicale de qualité, facilement identifiable et pourtant toujours renouvelée. De Gramme 2 peuf, en 2017 sur NM qui l’a introduit au grand public, à Je pense à toi ou à Bonnie, on sent que Hornet s’est trouvé et qu’il ne se lâche plus. Il s’est battu pour la musique, pour faire sa place, et il ne laissera rien l’en dégager. Très affilié à sa troupe, il travaille avec les mêmes depuis plusieurs années et en est fier. Selon lui, ses proches sont aussi une des raisons de sa réussite.
A l’écoute, TNM paraît comme un livre d’histoires, de contes presque. La Frappe à une manière de raconter, de mettre en image une situation, une émotion, une vie. C’est très simple à suivre et on s’identifie à ce qu’il dit. La tracklist nous guide à travers diverses étapes, anecdotes ou morceaux de vécu. Raton parle de l’oubli et du temps qui passe, Sors de mon sommeil m’a beaucoup marqué, mais je n’ai pas bien compris s’il s’agissait d’une déception amoureuse ou d’une trahison amicale, j’ai l’impression qu’il se passe deux choses en une. Main de fer qui ouvre l’album est très, très bien. Du rap pur et dur, au flow et à la précision impressionnants. Ninho revient après le hit Sheitana, sur Gasolina, qui fonctionne comme il faut, sans être incroyable non plus et un peu déjà vu, la partie de Ninho me rappelle trop Lettre à une femme. C’est dommage, il aurait pu faire quelque chose de plus inédit.
Tout le projet fait sens. Sur 14 titres seuls trois sont des featurings. Hornet a probablement voulu se mettre au premier plan, se concentrer sur ce qu’il avait à dire et marquer une étape dans sa discographie. Après tout, plusieurs de ses albums sont peu fournis en duos, ce qui ne l’empêche pas de figurer sur des sorties extérieures. Je pense par exemple à 93% (Tijuana) de GLK avec DA Uzi, Landy et lui-même en 2019. Ou à Sportback avec 4 Keus en 2020.
Le faible nombre de collaborations aurait pu pécher, mais la diversité musicale est bien là. La continuité avec NM est évidente, dans les mélodies et le ton musical. On sent quand même nettement une évolution. La seule chose qui m’a manqué, c’est que malgré l’ensemble de l’album qui m’a plu, aucun titre ne reste fixement dans ma mémoire. Je n’ai pas eu ce sentiment de satisfaction et de surprise que peuvent procurer la découverte d’un coup de cœur. Encore une fois, j’ai réellement apprécié l’album, surtout Kedaba, Maison d’arrêt, Sors de mon sommeil, Raton, Main de fer et Image, mais il n’y a aucune révélation pour ma part. Peut-être suis-je trop exigeante mais au vu du niveau d’Hornet et sa position dans le milieu, je pense que c’est justifié. Toujours est-il que c’est un très bon album.