Jamais je n’ai été aussi perplexe à l’écoute d’un album. Dans le mauvais sens du terme. Changes le tout dernier album de Justin Bieber sorti le 14 février, me déçoit beaucoup, mais surtout suscite ma totale incompréhension. Cette réaction me pousse à revenir sur ce qui précède cet album pour tenter de comprendre une telle bifurcation dans le processus créatif du chanteur.
Le jeune Canadien qui chantait dans les rues de sa ville, Ontario, et qui s’est fait repéré suite à ses vidéos sur YouTube, a en effet bien changé. L’adolescent charismatique, frimeur qui remplissait des stades entiers dès l’aube de sa carrière il y a de ça à peu près dix ans a complètement disparu. Devenu ensuite un jeune homme turbulent qui taguait les murs de ses hôtels ou qui interpellait ses fans en plein concert pour leur dire de faire moins de bruit, il interrompt sa tournée en 2017 pour des problèmes de santé. Il fait son grand retour aujourd’hui après une pause de cinq ans. C’est sûr, depuis 2009 Justin est passé par beaucoup d’étapes, d’épreuves, et à cause de sa notoriété qui s’amplifiait en parallèle des réseaux sociaux, tout le monde en était témoin et tout le monde avait son mot à dire. Jusqu’à maintenant, son attitude ou sa personnalité pouvaient changer, mais la qualité de ce qu’il produisait était toujours à la hauteur. On peut même dire qu’il battait ses propres records.
Baby (vidéo ci-dessous), Boyfriend, As Long As You Love Me, Confident, What Do You Mean ?, Sorry, Life is Worth Living, I’ll Show You, Where Are You Now, Cold Water, Let Me Love You, et tant d’autres succès du genre à vous frapper par leur douceur, leur justesse, leur mélodie, … Sans avoir besoin d’être fan, tous ses plus grands hits m’ont chaque fois époustouflée. Morceau après morceau sa voix s’offre davantage à nous, nous étonnant toujours plus. Sa capacité à partager multiples émotions, ses collaborations avec les plus grands DJs comme David Guetta ou le groupe Major Lazer, tout était là pour nous toucher et créer des tubes qui pouvaient vraiment prétendre valoir le coup du succès. Si on écarte de sa discographie son album de Noël Under The Mistletoe que je me suis épargnée faute de perméabilité à ce genre de thème musical, tous ses albums sont des accomplissements et s’enchaînent parfaitement. My Worlds, Believe, Journals, Purpose … Changes casse complètement cette suite qui devait être logique.
Dans une interview avec le journaliste Zane Lowe pour Apple Music, la première chose que Justin dit à propos de son album c’est : « Je n’ai pas cherché très loin avec cet album ». Ça ne sonne pas très bien. Évidemment, du moins j’espère, il voulait dire qu’il n’a pas voulu se mettre de pression avec une signification et un concept trop forts dans la création de Changes ? Impossible de dire qu’il a bâclé son travail. Avec la série documentaire Seasons publiée sur YouTube qu’il a créée pour informer sur le making of de l’album, on voit bien ou en tout cas on nous montre Justin en studio entouré de son équipe, et on nous répète encore et encore à quel point Justin était acharné, motivé, passionné et investi dans la création de Changes… Quelque chose me gêne malgré tout. Avec tant d’investissement et de bonne volonté apparente peut-on obtenir un résultat aussi décevant ? Sur les dix-sept morceaux de l’album, trois me plaisent, maximum. Alors, est-ce un leurre au profit du marketing ou Justin a réellement visé à côté de la plaque ?
À travers Seasons, la série documentaire dédiée à son album on nous fait comprendre que le jeune homme a beaucoup souffert, que ces cinq ans de pause lui ont permis de se ressourcer et de le retrouver en état de faire ce qu’il aime le plus : chanter et faire des concerts. Une chose est sûre : excepté ses proches, personne ne peut savoir ce qui se passe dans la tête du chanteur, moi la première. Quelque chose cloche, j’ai l’impression que Justin ne va pas si bien que ce qu’il laisse voir et surtout que son album sonne faux. Pour quelqu’un qui dit avoir travaillé si dur, en s’entourant de la meilleure équipe en étant censé être dans une phase de reconstruction, je reste sceptique face au résultat. Mon opinion est que cet album est trop fade, doux, lisse et répétitif pour Justin Bieber, pourquoi je n’en sais rien et après tout ce n’est que ce que je pense, mais on peut clairement dire que l’accueil de l’album par son public rejoins ma pensée. L’album fait de bons scores au niveau des ventes et des streams,mais comparés à ses autres succès, la différence est notable et le succès n’est pas si foudroyant. Les faits semblent pourtant me contredire, Changes aurait battu le record du 7e album numéro 1 des billboard charts en dix ans de carrière, à 25 ans, devançant Elvis Presley qui détenait ce record à l’âge de 26 ans. L’album étant tout juste sorti, il est difficile de prendre du recul pour constater son effet. Je continue de penser que ce projet a moins d’impact que les autres et que quelque chose manque.
La série Seasons me laisse indifférente. L’initiative est bienvenue, mais je retrouve la même sensation qu’au visionnage des rares interviews que Justin à donné et qu’à l’écoute de Changes.
Je ne perds pour autant pas espoir en un futur redressement, si je puis dire, de la créativité et de l’état général de Justin, que je lui souhaite de retrouver. N’hésitez pas à donner votre avis sur l’album dans les commentaires, je serais curieuse de voir ce que vous en avez pensé !