Inspiré d’histoire(s) vraie(s), deuxième album du rappeur Sam’s est sorti le 5 novembre 2021. Tout de suite, instantanément, le titre m’a parlé. Avant même de l’avoir écouté. Malheureusement je n’y ai lu que ce que je projetai sur ces trois mots. Inspiré. D’histoire(s). Vraie(s). Tout de suite, je me suis imaginé un album qui raconte, qui prend des bribes de vie, d’individus, et qui les disperse, les façonne de façon à porter un regard compatissant et bienveillant sur des vécus. Je m’attendais à un projet porté sur l’humain, allant du général au particulier. Mais se baser sur si peu pour jauger un album, c’est trompeur.
Finalement je me suis trouvée face à de l’intime, un portrait vu de l’intérieur. Un homme qui puise dans ses ressources, dans son esprit et dans ses expériences innombrables. Un album qui se vaut, qui est légitime, probablement dans les temps, et de qualité, mais, qui personnellement, ne m’a pas touché. Surtout parce que j’en attendais quelque chose de trop défini, trop calqué sur mes propres envies et que je ne donnais plus de place à la pensée de l’auteur.
Plusieurs éléments me déplaisent. D’abord, l’album est très dense, chargé en significations, références, textes, punchlines … C’est trop lourd et c’est trop long, et je trouve que le concept se noie dans l’envergure du projet. Chaque phrase te pousse à réfléchir, chaque morceau a une portée qui nous emmène trop loin. Sur 18 titres ça fait beaucoup. L’idée est très intéressante mais on ne saisit pas tout. On ne sait pas s’il y a une direction unique, ou multiple.
Ensuite, les styles sont trop différents. D’une chanson à l’autre, on bascule, jusqu’à ne plus comprendre où on est réellement. Pourtant, je sais que Sam’s est sérieux. Même plus que ça, il entreprend tout avec cœur et dévotion, il connaît son champ de bataille et il réfléchit et prend en compte le moindre détail. Je ne le connais pas, mais pas besoin pour remarquer que ce trait de sa personnalité ressort très distinctement dans les interviews. C’est un bosseur et un passionné. Et il n’en est pas à son coup d’essai. Avant ça, il est tombé et s’est relevé 100 fois. Il a un beau parcours, le succès ou l’exposition qu’il a longtemps chassé en travaillant d’arrache pied sont désormais de partie.
Mêler cinéma et rap. C’est une des choses qu’il a voulu faire avec Inspiré d’histoire(s) vraie(s). On ne comprend pas bien comment. Trop de voix offs, d’allusions au cinéma, qui ne vont pas plus loin que celles que la plupart des rappeurs font, se basant quasi automatiquement sur Scarface de De Palma ou Le Parrain de Coppola. Je ne dis pas qu’il faudrait connaître la filmographie entière de l’industrie, mais au moins citer quelques films qui diffèrent de ceux des gangsters mafieux classiques que tout le monde connaît.
Il faut de la prétention, de l’ambition, il faut prendre des risques, mais cette fois je ne fais partie de ceux qui sont convaincus. Sam’s est serein il a atteint plusieurs de ses objectifs, cet album en est une des preuves. Son avenir prometteur dans le foot, sa place en tant qu’acteur qui ne cesse de grandir, son rôle dans la série Validé, toutes les chansons qu’il a écrit pour d’autres, l’étendue de sa carrière, reconnue ou pas, dans le rap en tant qu’artiste solo, ses différents postes dans l’équipe de Validé, … Sam’s a rempli un nombre important de cases au cours du chemin qu’il a emprunté, il s’est laissé plusieurs chances, et les a saisies, ce que peu arrivent à faire.
L’album se veut aussi fracassant que sa pochette. Briser la glace, et pas pour de faux. Il l’a vraiment fait. Fifou le photographe, et lui, ont fait venir des vitres des Etats-Unis, car ils cherchaient un type de verre qui se casse facilement, fabriqué seulement là-bas. C’est impressionnant parce que c’est dangereux comme mise en scène, mais aussi parce que l’on dirait qu’un seul saut a suffit.
Cet album ne m’a pas plu, alors qu’il était parti pour. Cela reste mon avis. Faites vous le votre, parce que c’est un projet aboutit et entier. C’est le fruit d’une implication, et plus indirectement de plusieurs années d’activité. C’est un album sincère, dont j’ai malgré tout apprécié quelques morceaux. Paradise avec Hatik, Popo avec Guy2Besbar et QDMP2. Il y en a pour tous les goûts, vous pouvez même retrouver des artistes tels Aloïse Sauvage, Grand Corps Malade, ou Niro. Bonne écoute !