Mojo, C’est pas les JO, le premier volet de l’épopée rap du 78

Mojo

Crédits Photo : Adrien Langa

Pénélope, est un des titres les plus récents de Mojo LBS, jeune rappeur des Yvelines. LBS pour Mojo « Le Best Sound », la signature sonore du personnage, puisque tout ce qu’il crée c’est du Made in Mojo en étroite collaboration avec Matéo Beauché membre d’Orange Pulp. Le clip de Pénélope fait office d’échauffement en attendant C’est pas les JO. C’est d’ailleurs Matéo qui a tourné et réalisé l’ensemble des visuels de la série, il représente aussi l’équipe Orange Pulp, dont il est un des fondateurs. Pénélope et C’est pas les JO sont deux sorties bien distinctes. L’une est une mise en bouche et l’autre nous sert l’entrée, le plat et le dessert. Un repas complet et équilibré dont le premier extrait sort aujourd’hui.

Ces jeux olympiques du rap se déclinent en trois épreuves, trois morceaux. Comprenez bien que derrière ce titre fameux, peut-être un peu fumeux pour certains, se trouve une réelle philosophie. « La vie c’est pas un jeu » peut-on entendre bien souvent, Mojo ajoute « C’est pas les JO ! » C’est sur ce starting-block que le projet démarre, qui sait qui franchira la ligne d’arrivée ?

Un jeu, une compétition ou un champs de bataille, quelle que soit la comparaison qu’on choisit, le message est le même : la vie ne tient qu’à un fil. Pas question de prendre notre existence à la légère. Mais Mojo met également l’accent sur la dualité de son personnage. On rencontre le Mojo du bitume qui arpente le pavé la tête chargée, prêt à basculer dans le crime et celui plus rangé, visant une vie de famille stable et honnête. C’est pas les JO aborde donc la lutte entre ces deux entités bien distinctes qui cohabitent de façon chaotique.

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Crédits Photo : Adrien Langa

Pénélope est mis en image par un clip animé, tout en contraste et diversité. Des plans, des mouvements de caméra marqués et incessants donnent vie au morceau et aux paroles. Une énergie palpable se dégage de l’écran et Mojo incarne parfaitement son texte.

Pénélope nous emmène entre terre et sous-terrain. On perd la notion de la gravité au fur et à mesure du clip. L’envers et l’endroit n’existent plus. Horizontal, vertical, un tourbillon de vision nous déséquilibre et nous désarçonne à la vitesse du débit du rappeur. Autrement dit, instantanément. Perpétuellement on se meut au point de perdre l’équilibre.

Contrairement à Bêtement et Antidote, d’autres morceaux de Mojo, Pénélope est un titre sans dessus dessous, qui claque et qui fait effet tout de suite. Dès les premières secondes l’ambiance est installée, s’impose, du début à la fin du son. Mais surtout, l’atmosphère électrique nous pique sur l’instant, tel un moustique nerveux.

Mojo

Crédits Photo : Adrien Langa

Les couleurs se mêlent et s’emmêlent, accentuées par les lumières de la nuit et les éclairages artificiels. Bleu, rouge, blanc, le tout dans un style street, on ne peut plus urbain. Le béton s’incorpore aux formes, aux corps, on ne sait plus ce qui est chair ou ce qui est fer.

Non ! On n’est pas dans la finesse, mais bien dans la tess. Le flow est là le rythme aussi, personne n’est venu pour rigoler. C’est du sérieux mais c’est aussi du jeu, d’acteur et de rappeur qui scande à qui veut bien l’entendre les heurts et les fureurs d’une vie à pas d’heure.

Bam ! Changement d’ambiance, changement de clip. C’est pas les JO déboule sur la place, premier clip de la trilogie sorti aujourd’hui. Un autre monde se dessine. Beaucoup plus agressif, sans digression, efficace et avec pression, précision. Les tons blafards du petit épicier pimentent un visuel déjà épicé. On regarde le clip comme dans la tête d’un fou, absorbé dans un fond diaphane, coincé dans une vision à 360° comme s’il se regardait par le culot de la bouteille de vodka qu’il vient de vider. Des allures de salle de contrôle, de caméra de surveillance et d’hôpital dont les néons surpuissants réduisent notre vision à néant. Tantôt chaud, tantôt froid, on tourbillonne entre deux états. Blanc, jaune, prêt à étouffer dans un angle qui donne le tournis pour se retrouver dans un cadre bien plus stable et plus linéaire.

Que ça soit bien clair, limpide, le son qui nous rend livides, C’est pas les JO est la première carte de Mojo, posée sur table. Imbattable, comme il aimerait se décrire, bien qu’il ait conscience de ne pas être au maximum de ses compétences. Du moins jusque-là. C’est pas les JO est un projet fait pour mettre en avant ce qui se voyait moins auparavant. Le flow, le kickage nous mettent automatiquement en cage. Une fois qu’on est dans le son, on ne peut plus en sortir.

Les jeux sont faits, les dés sont lancés, mais qui sortira vainqueur ? Vaincu ? Qui sait ? De toute façon la vie « c’est pas des LOL », comme dirait un autre. C’est pas les JO non plus. La vie c’est vrai, c’est concret, tu t’en rends compte notamment quand tu comptes l’argent que tu n’as pas ou que tu racontes la vie dont tu rêves tant.

Rendez-vous dans deux semaines pour la suite du phénomène. Nouveau clip, nouveau son, même rappeur, même projet !