« Équipe » c’est ce que veux dire « squadra » en italien. Ce nom de groupe a fait surface par hasard, sortit de la bouche d’une connaissance, « Eh, vous devriez vous appeler la Squadra ! » Ca sonnait bien, ça leur parlait, ils l’ont donc adopté.
Broly, B-LA, Flo et Zoken forment le groupe qui existe depuis 2013. Quatre. Pas moins pas plus. Juste ce qu’il faut. Ils se sont bien trouvés ! Ayant tous grandi à Pierrefitte-sur-Seine, fréquenté les mêmes écoles, leur réunion était évidente, puisqu’ils se sont en plus tous mis à rapper au même moment. La mise en forme du groupe s’est faite simplement. « Le groupe s’est formé de façon totalement naturelle. On est quatre mecs qui habitent dans la même cité. On est de la même bande et on se connaissait bien avant la musique. » En revanche, la suite est plus compliquée. Une fois le groupe formé, il faut encore le faire avancer, le développer, et surtout, commencer à emprunter le long, très long chemin de la réussite, qui se transforme parfois en un tunnel, dont on ne voit pas forcément l’issue, ou au fond, la lumière. Les temps ont pu être difficiles pour le groupe, au point d’être forcés de quitter la musique en 2017. Coup du hasard ou du destin, c’est précisément cette année qu’un de leurs titres, En bas de chez moi en featuring avec Landy explose, faisant des millions de vues sur Youtube.
Nourrie d’un élan de motivation puissant et d’un espoir naissant, plus grand qu’auparavant, la Squadra revient en janvier 2021 avec le projet Introduction qui parle beaucoup de son absence et qui officialise un retour, ou plutôt qui par définition introduit une ère nouvelle. Le 18 juin 2021 sort Guadalajara, composé de 16 sons. Une mixtape qui constitue une étape particulièrement clé pour l’ensemble du groupe. Un nouvel univers : le cartel, un nouveau format proche de l’album, de nouveaux horizons musicaux à explorer et à offrir ET une nouvelle façon de travailler.
« Avant chacun avait une fonction définie. Maintenant tout le monde fait ensemble. C’est comme ça qu’on a fait le projet, ça matche mieux ! »
En effet, pour les projets précédents, l’équipe avait pour habitude d’écrire chacun de son côté, pour mettre en commun plus tard. Cette fois-ci, tous étaient présents au studio en même temps, du premier titre au dernier. Ils écrivaient, chantaient, et rappaient ensemble. Une première. Tout a été bouclé très rapidement, le temps d’un séminaire.
En plus de se redécouvrir professionnellement à travers la conception de Guadalajara, ils se sont ouverts, se sont aventurés sur des prods et des styles variés, tout en restant dans l’urbain et en étant fidèles à leur empreinte musicale, à leur signature, à ce qui les réunit, à ce qu’ils écoutent, et à ce à quoi on les reconnaît. C’est si riche, qu’on se demande comment raconter autre chose après, on a l’impression qu’ils ont déjà tout dit. Ce n’est pourtant que le début, la Squadra nous réserve plein d’autres surprises, dont seuls eux ont le secret.
Sur cette mixtape, ils ont voulu s’amuser, s’aventurer, se retrouver, se dépasser, s’ambiancer, faire éclater au grand jour tout ce qui leur trotte dans la tête. C’est la fête ! C’est le cartel, c’est Guadalajara, c’est plein de choses, qui nous emmènent dans leurs délires, et qui nous montrent mieux que n’importe quel autre moment, de quoi ils sont capables.
Non pas qu’ils ne l’aient pas déjà fait par le passé, mais ils ont vécu, muri, évolué, et veulent absolument donner le meilleur d’eux-mêmes pour cette sortie nouvelle.
« Dans Introduction, on pourrait penser qu’on était beaucoup plus tristes dans nos vies personnelles. On racontait plus pourquoi on avait pas été là, c’était un chapitre de notre vie, aujourd’hui c’en est un autre. Même si ce qu’on faisait c’était bien aussi avant, ça va beaucoup mieux dans la musique qu’hier, ça se passe mieux dans l’industrie. Et on est bien encadrés, avec les bonnes personnes, on arrive mieux à avancer, à se comprendre, c’est pour ça qu’on fait de la meilleure musique maintenant.»
Ils nous ont gâtés, n’ont pas fait les choses à moitié. La technique, la précision, les détails, les textes, l’humour, la joie, la tristesse, des morceaux calmes, drill, club, afro, US, les instrumentales, tout y est et tout fait son effet. J’arrive comme, Guadalajara, Le prix d’touche, Secteur, Beriz, Dans la zone font partie de mes titres préférés.
Pour une autre vision de la mixtape, vous pouvez cliquer ici.
Fally Ipupa, Naira Marley, le rap français, le rap américain, la musique afro, leurs influences sont nombreuses, ils écoutent beaucoup de choses en commun, notamment des grands de leur quartier qui étaient rappeurs, comme le groupe Thug Familia par exemple. « On s’est beaucoup inspirés des rappeurs de notre quartier, qu’on a beaucoup écouté. C’est eux aussi qui nous ont donné envie de faire de la musique. » Mais ils ont aussi leurs préférences qui d’une certaine manière, les différencient, mais les rendent complémentaires.
Ce qui m’a le plus étonnée à l’écoute de Guadalajara, c’est leur inventivité. La façon qu’ils ont de se partager les rôles tout en se mélangeant, celui qui kick, celui qui chante, celui qui fait les backs, à quel moment … Faire un son c’est un art, faire une mixtape c’en est un autre. Bien qu’ils aient encore pléthore de choses à nous transmettre, à nous dire, ils nous régalent. Tapent dans le mile et nous envoient leurs ondes, leurs codes, une partie de leur quotidien mélangés aux aléas du cartel de Guadalajara, pour nous marquer. Pour qu’on les suive, qu’on partage leur monde, qu’on en soit originaire ou pas, et qu’on s’identifie à eux, de quelque manière que ce soit. Sans forcément avoir à leur ressembler ou à avoir expérimenté les mêmes choses. C’est de la musique, ce sont des artistes, quoi de plus pour nous faire entrer sur la piste ?