Fière et espiègle. C’est comme ça que je décrirais Nathy Peluso. Sa musique est libre. Elle nous emmène en Espagne, en Argentine, mélange le hip hop, la salsa, la soul et d’autres styles pour en faire une identité musicale nouvelle. Le chant, la danse, la mode, la mise en scène, l’art, elle pousse ses envies et ses influences, ses inspirations, son imagination, jusqu’à former un résultat pensé, original, puissant et esthétique. Je pense à ses clips, ses covers, ses shootings photo et son apparence en général. La mode est pour elle une extension de son expression et d’elle-même. Un outil pour parfaire son personnage et l’image qu’elle veut montrer.
Le corps est crucial dans son univers. Elle n’en a qu’un, il lui appartient, elle l’aime, le chérit et l’exhibe parfois. Nathy danse, met en avant le moindre de ses mouvements et de temps en temps n’a pas peur de dévoiler un morceau de chair. Certains la trouve vulgaire, elle s’en fiche. L’est-elle ? Surement, mais ce n’est pas ce qui importe. Et c’est subjectif. Je dirais plutôt qu’elle n’est pas pudique, et qu’elle a sa manière à elle d’honorer et de célébrer son physique. Ce n’est pas simplement une volonté de scander son amour propre. Sa façon sensuelle et franche de danser, s’inscrit dans le personnage qu’elle se choisit sur le moment et n’est qu’une façon de compléter sa démarche artistique.
C’est ce à quoi elle est dédiée, l’Art. Un langage universel et unique, qu’elle s’approprie par le chant, l’accoutrement et la danse. Avant de se consacrer pleinement au chant, Nathy Peluso se destinait au théâtre physique. Une forme de théâtre qui se penche particulièrement sur l’expression via le mouvement et le ressenti. Où le corps et l’esprit son centraux. Nathy Peluso c’est une véritable incarnation. C’est ce qui me plaît le plus chez elle. Elle est habitée par une passion et une force incroyables et à partir du moment où elle aime quelque chose, elle le fait. Elle explore et s’explore tous les jours. Elle dit d’ailleurs dans une interview pour le magazine NYLON qu’elle se réinvente chaque nouveau matin. Qu‘elle est chaque fois une autre personne. Elle est en perpétuelle évolution et nous en sommes les spectateurs.
La pochette (ci-dessus) de son tout premier album, Calambre, est très belle. On la voit en plein exercice dans une salle de sport, qui semble être dans une école ou dans un gymnase. Un bleu clair et doux habille les murs et en plein milieu, prenant presque toute la place du cadre, Nathy est comme suspendue dans les airs, en plein saut. Elle est figée par la photo mais on sent quand même le mouvement. Elle paraît grande, forte, imposante. Ses seuls vêtements où du moins ce qui cache sa nudité sont des bandages. Son teint mat, le blanc des bandes de tissu et le bleu des murs forment une harmonie de couleurs, complètement cassée ou plutôt chamboulée par le désordre qui émane de la jeune femme. Son corps est luisant, le sol est mouillé, on sent la chaleur de l’effort. Elle tient dans ses mains une prise qui vient probablement d’être arrachée de son secteur, on sait qu’une décharge a eu lieu, mais pas si elle est déjà passée ou si elle va arriver. Son nom et celui de l’album sont écrits en tout petit vers le bas de l’image. On pourrait presque ne pas les voir.
Delito, Business Woman, Sana Sana, sont quelques uns de mes morceaux préférés de Calamabre. Pas très original comme choix puisque ce sont les seuls à avoir été clippés. Les deux premiers sont très impressionnants. Surtout Business Woman (ci-dessous) qui est de loin le meilleur. C’est une atmosphère complètement folle. Nathy use de ses qualités de comédienne pour faire vivre différents employés d’une entreprise imaginaire. Ses mimiques et sa gestuelle sont très efficaces et le clip en est presque divertissant.
Nominée deux fois aux Latin Grammys 2020 en tant que meilleure artiste alternative et meilleure artiste en devenir, la carrière de Nathy est en plein boom. Ce dont elle se félicite et ce pourquoi elle se sent chanceuse. Elle à travaillé dur pour cette reconnaissance et n’est pas au bout de ses ambitions.