Class of 89 : Keziah Jones et Philippe Cohen Solal réunis sur un EP

Sorti le 3 février dernier, Class of 89 est la première collaboration de deux amis de longue date. En quatre chansons, ils font sauter les barrières de genre et convoquent toutes leurs influences. 

Keziah Jones Philippe Cohen Solal

crédits : label

 

On l’a découvert en 1992 grâce à son tube Rythm is love, Keziah Jones, nigérian, arrive de Londres.
Son nom nous est connu car il a fondé le Gotan Project en 1999, Philippe Cohen Solal habite à Paris.
Justement, c’est dans notre capitale que tout a commencé, il y a plus de 30 ans, en 1989…

Détenteur d’un visa de trois mois, Keziah Jones, 21 ans, s’installe à Paris avec un copain. Il tente de tirer son épingle du jeu grâce à des performances improvisées en guitare-voix dans le métro, puis devant les bars et les restaurants.
Au même moment, Philippe Cohen Solal, 28 ans, vient d’être licencié par Polydor, label dans lequel il officiait en tant que directeur artistique.
Un jour, au printemps, le Parisien profite de la terrasse du café « Au Père tranquille » en plein quartier des Halles. Soudain, une musique fait frissonner ses oreilles. Keziah Jones chante un morceau de Prince. Coup de foudre !

Après avoir fait connaissance, Philippe emmène Keziah en studio pour enregistrer trois chansons sur une K7. Puis il démarche les maisons de disque pour lui, mais un détail pose problème : le Nigérian chante en anglais. C’est compliqué, ça ne se vendra pas…
Leur route se sépare, Keziah regagne Londres. Chacun mène son chemin de son côté. L’un sort six albums à la croisée du blues et de la funk. L’autre présente Zazie au label Mercury, crée sa propre maison de disque et fonde le Gotan Project.

 

Ils gardent contact et, il y a trois ans de ça, les deux artistes se retrouvaient, muent par la volonté d’un projet commun. C’est ainsi qu’est né Class of 89. Keziah et Philippe l’ont fabriqué à Paris avec le producteur Marc Damblé. Pas question de s’imposer un genre précis. La blufunk de Keziah Jones fusionne avec l’électro dont se revendique Philippe Cohen Solal et nous voici avec quatre chansons impossible à qualifier d’un seul style.
Cependant… On décèle du blues et du synthé dans le premier morceau, Give Thanks & Praises. Le duo y a aussi injecté de l’afrobeat, tout comme dans Liberation, Elevation. Keziah a composé le second titre, How Many Times, seul avec sa guitare. On y retrouve de la soul dans la tendresse de leurs voix, ainsi que des violons. NO ( 2 letters), morceau qui clôt l’EP, donne l’avantage à l’électro, musique française qui s’exporte le mieux à l’étranger. Quatre titres où l’on croise, entre autres, Brian Eno, Nina Simone, Fela Kuti et Stevie Ray Vaughan, d’après les mots de Hubert Blanc-Francard alias BoomBass.

Le choix d’un EP plutôt que d’un album s’inscrit dans l’ère du streaming où le public ne prend plus le temps d’écouter des disques en entier, à moins d’être fan. Avec Class of 89, Keziah Jones et Philippe Cohen Solal s’adaptent à l’époque tout en conservant leur riche ADN musical, loin d’un son trop lisse.

Class of 89
De Keziah Jones et Philippe Cohen Solal
EP sorti le 3 février 2023 chez ¡Ya Basta! Records